Ville, et, s’adressant aux patrons de ce programme dans la chambre, les somme de suivre son exemple et de déchirer tous les voiles : « Accoutumés depuis quinze ans, leur dit-il, à savoir ce que nous voulons, nous devons souhaiter que tous les hommes d’état ou hommes de parti expliquent aussi clairement ce qu’ils veulent.
« Toutes les opinions sont honorables dès qu’elles sont avouées. Ce que je viens donc demander, c’est qu’on les avoue, qu’on les explique, qu’on les définisse[1]/ » Le programme de l’Hôtel de Ville ne résista pas à la discussion provoquée par Casimir Perier, et c’est à peine s’il trouva encore pendant quelques semaines un mot d’apologie dans la bouche respectable du général Lafayette, qui avait accepté d’en être le parrain.
La question de l’association nationale était tout autrement grave. Le cercle de cette association était très étendu ; les mots toujours chers à la France, — dévoûment à la patrie en danger, — défense des opprimés, — maintien de l’indépendance et de la souveraineté nationale, — habilement groupés dans ses programmes, lui servaient de frontispice et de parure, et y avaient attiré un grand nombre de députés et de fonctionnaires civils et militaires. Elle était par là même l’obstacle le plus redoutable à cette unité de tous les degrés dans laquelle Casimir Perier voyait avec tant de raison la seule force capable de lutter avec quelque chance de succès contre le désordre moral et matériel qui continuait à grandir de toutes parts.
Casimir Perier ne trouva dans cette grave et délicate situation que l’occasion de manifester avec plus d’éclat l’énergie calme et maîtresse d’elle-même de sa politique conservatrice. Adversaire naturel de toute loi de circonstance et d’exception, ami passionné du droit commun au milieu même d’une succession incessante d’attaques personnelles, de complots, de désordres et d’insurrections, il repoussa l’idée de recourir à une loi spéciale avant d’avoir épuisé toutes les ressources qu’il pouvait trouver dans son action personnelle. et dans les lois existantes. Résolu à faire le petit nombre d’exemples que des situations exceptionnelles pouvaient rendre indispensables, il repoussa tout système de révocation générale avec la même fermeté qu’il avait mise naguère, comme simple ministre, à défendre la masse des fonctionnaires de la restauration contre le système d’épurations recommandé par M. Mauguin, dans une proposition d’enquête faite par lui le 29 septembre 1830 à la chambre des députés. Sa réponse d’alors, dans son dédain historiquement instructif, donne la mesure de sa profonde répugnance pour de tels actes, entachés à la fois d’inquisition et
- ↑ Séance du 30 septembre 1831.