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d’arbitraire. « Rappelons-nous, disait-il le 30 septembre 1830, rappelons-nous qu’un parti arrivé en masse, il y a quinze ans, au pouvoir, procéda aussi d’année en année par épuration. Les derniers venus prétendaient toujours mieux entendre les intérêts de la monarchie que ceux qui les avaient précédés. C’est ainsi qu’à force de s’épurer on s’est isolé, et le dernier jour de la royauté, il n’y avait plus personne dans le parti royaliste. » Avec les visées de l’association nationale l’abstention et le dédain n’étaient pas permis ; il fallait prendre résolument un parti et agir ; or, pour Casimir Perier, toute action gouvernementale provoquée par des difficultés graves devait être précédée ou accompagnée par des explications de tribune assez nettes et assez claires pour qu’il fût permis d’espérer, non pas qu’elles feraient disparaître ces difficultés, mais qu’elles les simplifieraient, que dans tous les cas elles dispenseraient le gouvernement de recourir à des mesures extraordinaires. Le président du conseil resta fidèle à ce système.

Le ministère se présenta donc à la chambre des députés sans avoir pris d’autre mesure préalable contre l’association dite nationale que la publication d’une circulaire donnant directement au pays et aux fonctionnaires de l’état des avertissemens qui devaient, deux jours plus tard, faire l’objet des explications parlementaires du président du conseil. Casimir Perier commença par préciser le sentiment qu’y apportait le gouvernement. « Le pouvoir, dit-il, ne s’est pas effrayé de ces associations, comme on l’a dit, car il n’a fait qu’avertir le pays que l’objet en était rempli d’avance par son gouvernement, et il n’a demandé à la législature aucune mesure contre des entreprises dont il a pu s’offenser, mais dont il ne s’alarme pas[1]. » Pendant deux séances consécutives, le président du conseil donna lecture à la chambre des pièces du grand procès qui se plaidait devant elle, et les fit suivre d’explications complètes qui lui permirent de faire éclater à tous les yeux l’évidence des conclusions qu’il formula ainsi avec une énergie concise. a Ces associations, qui prétendent suppléer à ce qu’elles trouveraient d’incomplet dans les mesures du gouvernement, ne sont-elles pas l’établissement d’un gouvernement dans le gouvernement ou plutôt d’un gouvernement contre le gouvernement[2] ? » Quant aux fonctionnaires signalés par l’opposition comme insultés et menacés de persécutions par la circulaire, voici comment Casimir Perier les releva de toute la hauteur de leur conscience et de la sienne. « En présence des faits que nous avons rappelés, le gouvernement

  1. Séance du 30 mars 1831.
  2. 31 mars 1831.