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Page:Revue des Deux Mondes - 1874 - tome 4.djvu/174

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est inutile de désigner plus clairement. C’est une noble figure militaire que celle du général van Swieten, et la rude campagne qu’il a si habilement menée à Atchin a mis le sceau à une popularité déjà bien méritée.

Les forces mises à sa disposition étaient plus que le double de celles qu’on avait crues suffisantes lors de la première expédition. Il est très difficile de savoir, même par approximation, le chiffre des combattans que le sultanat d’Atchin avait pu mettre en ligne contre les Hollandais; on peut toutefois l’évaluer à environ 20,000 hommes. Contre cette armée mal disciplinée, mais se battant chez elle, enhardie par un premier succès et forte par les défenses naturelles que le pays lui offrait, le général van Swieten put diriger 9,500 soldats, assistés par plus de 3,000 coulies. L’infanterie comptait plus de 6,500 hommes, le génie 600, l’artillerie plus de 700 avec soixante-quatorze bouches à feu, canons rayés, mortiers et deux mitrailleuses, la cavalerie se bornait à un escadron. Les forces navales se composaient de huit vapeurs, non compris les transports à vapeur et à voiles, et nombre d’embarcations de moindre gabarit; cela représentait un total d’environ 1,300 marins et cinquante-huit canons. Le 23 novembre 1873 vit recommencer les opérations directes contre les Atchinois. Leurs retranchemens furent canonnés avec succès par la marine, et les troupes purent successivement établir leurs bivouacs à quelque distance du rivage. Cette opération se fit toutefois avec lenteur. Notons ici que, pour raisons stratégiques, on choisit un lieu de débarquement à l’est de l’embouchure de la rivière. Déjà le choléra et le beri-beri avaient éclaté à bord des vaisseaux, des pluies torrentielles, inondant le pays, empêchaient toute opération militaire. Le débarquement, commencé seulement le 6 décembre, ne put s’achever que le 11.

Une fois débarqué, le général van Swieten adressa au sultan une missive qui devait aussi servir à éclairer la population sur les véritables intentions de son gouvernement : le peuple atchinois n’avait rien à craindre pour sa religion ni pour ses propriétés, il s’agissait non pas même de lui imposer un assujettissement direct au pouvoir étranger, mais uniquement de conclure un traité qui garantirait à la fois, sous la suzeraineté néerlandaise, l’intégrité du territoire, l’autorité du sultan, la sécurité des transactions et celle de la navigation. Si le sultan, docile aux instigations du parti de la guerre à outrance, refusait son assentiment à des propositions aussi modérées, le général hollandais l’avertissait qu’il avait « plus de canons qu’il n’en fallait pour anéantir dix Kratons, » qu’il était pourvu de tout ce qui lui était nécessaire pour en venir à ses fins, et qu’il ne se rembarquerait certainement pas avant d’avoir réduit son ennemi à l’impuissance. Les déclarations étaient calculées en vue de la