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Page:Revue des Deux Mondes - 1874 - tome 4.djvu/176

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l’un après l’autre leurs abris artificiels ou naturels pour éviter d’être cernés. C’est ainsi que l’habile général, malgré la résistance acharnée des Atchinois, malgré les maladies et surtout le choléra, qui continuait de décimer les troupes expéditionnaires, parvint à refouler méthodiquement dans l’intérieur du pays les bandes atchinoises, qui durent abandonner l’une après l’autre leurs meilleures positions. Elles firent maintes fois des retours offensifs d’une rare audace; certain soir même, un parti d’Atchinois surprit les avant-postes et pénétra jusqu’au bivouac des Hollandais. L’état vassal de Pédir, dont le chef, beau-père du jeune sultan, l’un des partisans les plus ardens de la guerre et qui avait envoyé tout son monde à la défense du Kraton, reçut une rude leçon. Une flottille néerlandaise se détacha le 28 décembre de l’escadre d’opération, et bombarda avec succès les fortifications du littoral, ainsi que les principales habitations de Pédir. Le magasin à poudre du belliqueux rajah fit explosion, et, bien qu’une descente commencée par un détachement de marins, mais arrêtée par les difficultés du terrain, n’eût pas eu le succès désirable, l’expédition n’en atteignit pas moins son but.

Il s’agissait toujours d’aborder le redoutable Kraton, et pour cela de reprendre encore une fois le fameux Missigit, théâtre du dernier succès et du revers final de la première expédition. Fidèle à son plan, le général van Swieten força l’ennemi à se retirer successivement des positions qu’il avait fortifiées pour couvrir cette mosquée ou la dominer encore après qu’elle aurait été prise. Les engagemens étaient meurtriers, mais l’issue toujours la même. Enfin le Missigit, bombardé par les batteries élevées malgré les difficultés du terrain, fut pris pour la troisième fois, et cette fois fut la bonne, car les Atchinois se virent hors d’état d’en déloger les soldats néerlandais. La prise du Missigit n’en avait pas moins mis plus de 220 hommes hors de combat. Le général van Swieten s’empressa de le faire occuper en force et d’en mettre la garnison à l’abri du feu du Kraton. Une autre position dut encore être enlevée pour que l’on pût procéder à l’attaque définitive de la forteresse atchinoise, et, tant par des travaux de sape qu’en l’investissant de plus en plus au moyen des colonnes lancées de manière à l’enfermer dans des cercles concentriques, le général néerlandais finit par décider les Atchinois à se retirer. Déjà l’on croyait savoir que le jeune sultan, ne se voyant plus en sûreté dans cette résidence qu’il avait tenue pour imprenable, avait pendant la nuit gagné l’intérieur du pays. Bientôt le feu du Kraton se ralentit, puis il cessa tout à fait. Le 24 janvier, on découvrit qu’il était évacué, et les troupes néerlandaises se hâtèrent d’en prendre possession. Elles y trouvèrent tout dans un désordre indescriptible. Une vingtaine de canons étaient encore braqués