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Page:Revue des Deux Mondes - 1874 - tome 4.djvu/247

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LAURE DE NOVES


À L’OCCASION DU CINQUIÈME CENTENAIRE


DE PÉTRARQUE


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APPROPINQUANTE DIERUM FESTORUM SOLEMNITATE,
HÆC DIVÆ IN MEMORIAM LAURÆ SCRIPTA AVENIONI PATRIÆ SUÆ DICAVIT AUCTOR.


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Si la gloire de Pétrarque est italienne, nous pouvons dire qu’elle nous appartient aussi, — par la femme. De là ce joyeux et national tressaillement dont a vibré tout notre midi à la nouvelle des fêtes qui vont se célébrer à Padoue en l’honneur du cinquième centenaire du grand lyrique. Laure est une Française, le plus pur sang d’Avignon. Elle aussi, l’intelligente et chère patronne, après cinq longs siècles de sommeil, se voit aujourd’hui évoquée, invoquée par deux nations que, la haine jalouse du nord ne réussira jamais à désunir, car elles ont les mêmes origines, les mêmes généreuses émotions, le même culte passionné pour l’art et pour les lettres. On parle des alliances dynastiques et de leur vertu à maintenir les bons rapports entre les peuples ; n’en est-ce pas une des plus intéressantes que celle d’un Italien de génie avec une Française d’esprit et de beauté, dont l’influence adorable a fait naître tant de chants immortels que nous, gens de Provence et d’Avignon, ne nous rappelons jamais sans un certain frémissement d’orgueil patriotique ? N’est-ce point en effet la fleur du terroir que nous respirons là, et de leur côté, le Florentin, le Padouan, en admirant sur les images du Memmo, du Giotto, cette élégante dame du pays de France, n’ont-ils pas le droit de s’écrier : « Cette Laure est une des nôtres :