septembre, au point du jour, par une brume épaisse, nous étions attaqués un peu partout, sur la route de Sainte -Barbe, à Noisseville, à Montoy, à Flanville. Le maréchal Lebœuf se battait tant qu’il pouvait, avec vigueur, sans beaucoup de succès néanmoins, et au moment où le brouillard commençait à se dissiper, il se voyait menacé d’être enveloppé par les feux prussiens, d’autant plus que la division Fauvart-Bastoul, du 2e corps, qui couvrait sa droite, qui était elle-même fort en péril, avait déjà perdu un peu de terrain. Après l’offensive un instant brillante, presque heureuse de la veille, nous étions réduits à nous défendre, et du reste, dès le matin, le commandant en chef avait « confidentiellement » informé ses lieutenans, le maréchal Lebœuf comme le maréchal Canrobert, comme le général de Ladmirault, que, si l’on rencontrait trop de résistance, il fallait se retirer sous les forts. A dix heures et même peut-être avant, on ne soutenait plus la lutte que pour couvrir la retraite : dernier mot de cette bataille de Noisseville, de Servigny ou de Sainte-Barbe, comme on voudra l’appeler, qui coûtait 3,000 hommes pour rien !
Était-ce là tout ce qu’on pouvait ? Si le maréchal Bazaine avait voulu engager une partie sérieuse, il se désistait bien promptement, sans avoir déployé toutes ses ressources de combat, en homme pressé d’en finir avec une action importune. Le 3e corps avait seul donné en entier ; encore avait-il laissé devant Queuleu une division qui ne faisait rien. Une division du 4e corps était restée en réserve. Le 2e corps avait à peine paru au combat. Le 6e corps n’avait été que partiellement mêlé à l’action. La garde n’avait pas tiré un coup de fusil, et après tout on ne s’était pas battu plus de quatre heures le soir du 31 août, plus de trois heures le matin du 1er septembre. C’était là tout ce que Bazaine croyait pouvoir faire pour répondre à l’appel du maréchal de Mac-Mahon, dont l’armée expirait à Sedan à l’heure même où l’armée du Rhin rentrait sous Metz découragée, inquiète, toujours disciplinée, mais défiante, et commençant à se demander ce qu’on pouvait imposer à sa résignation, puisqu’on ne voulait pas ou l’on ne savait pas se servir de son courage dans les combats.
Cette affaire de Sainte-Barbe ressemblait à un grand mécompte que le général en chef était peut-être le seul à ne point ressentir. Elle avait pour effet de ramener l’armée là où elle était l’avant-veille, là où elle allait rester durant bien des semaines, s’usant et s’épuisant dans l’inaction : le 2e et le 3e corps sur la rive droite de la Moselle, le 4e le 6e corps et la garde sur la rive gauche. Jusque-là du moins c’était la guerre à peine interrompue depuis quinze jours, la guerre avec ses émotions, ses ardeurs, ses espérances, ses batailles sanglantes, mais glorieuses ; maintenant on passait brusquement à la vie de blocus. Que Bazaine eût agi avec préméditation ou par