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faire à l’Allemagne, malgré ce qui nous était nécessaire pour réparer nos désastres, le change nous redevint favorable.

Il ne faudrait pas croire pourtant qu’il ne nous en a rien coûté pour qu’il en fût ainsi. Nous avons d’abord sacrifié 1 milliard 1/2 de valeurs étrangères, et ensuite les banquiers qui nous ont prêté leur concours ne l’ont pas fait pour rien, on a dû le payer fort cher. On pourrait en trouver le compte au chapitre des frais de négociation du dernier emprunt; mais, quelque cher qu’il ait été, on doit se féliciter d’en avoir usé, car il nous a rendu de grands services. La première chose à sauvegarder dans l’intérêt du commerce et pour nos relations extérieures était la valeur intégrale de notre circulation fiduciaire : elle eût été singulièrement compromise, si nous avions eu le change défavorable. En traitant avec des banquiers moyennant une commission très forte, nous les avons intéressés à ce que le change ne s’élevât pas trop haut; ils firent tous leurs efforts pour cela, et y réussirent en créant eux-mêmes des traites sur leurs correspondans, dont ils auraient à faire les fonds plus tard. De cette façon, nous eûmes le bénéfice d’un change d’abord un peu artificiel, mais qui devint bientôt naturel, à mesure que les ressources de l’emprunt et d’autres encore rentrèrent pour nous permettre de rembourser les banquiers de leurs avances. Voilà comment nous sommes arrivés sans secousse à la fin du paiement de notre indemnité, sans avoir eu à exporter beaucoup de métaux précieux, et en maintenant au pair une circulation fiduciaire qui s’est élevée un moment à 3 milliards. Et non-seulement nous avons payé notre indemnité, mais nous avons pu réparer le gros de nos désastres et reprendre possession de la plus grande partie de nos emprunts qui avaient été placés à l’étranger. C’est un résultat merveilleux qui fait honneur à la grandeur de notre richesse acquise, à la puissance de notre crédit, à l’élasticité de notre commerce, et, il faut le dire, aux sages mesures du gouvernement de M. Thiers; mais il n’a rien de contraire aux lois économiques.


II.

En 1848, la circulation fiduciaire, après quelques momens d’hésitation, s’est maintenue également au pair malgré le cours forcé; la limite en avait été fixée à 545 millions, et l’encaisse ne tarda pas à se reconstituer rapidement; elle atteignait 241 millions au mois de décembre 1848, et un an après, en 1849, elle était de 420 millions; au moment de la reprise des paiemens en numéraire, elle dépassait 500 millions. Cette fois il s’est agi d’une circulation fiduciaire qui a monté à 3 milliards avec une encaisse de 750 millions. Les proportions étaient très différentes; mais ce qui était différent aussi, c’était