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compliquée, un peu confuse, elle gagnerait à être élaguée et débrouillée. En définitive, puisque personne ne songe à toucher au principe du suffrage universel, les deux seules questions sérieuses sont celles du domicile et du choix entre le scrutin de liste et le scrutin d’arrondissement. Où sont donc, sur ces quelques points essentiels mille fois étudiés, les difficultés qui seraient au-dessus de la bonne volonté des esprits sérieux, sincères et pénétrés des grandes nécessités publiques?

Assurément tout peut devenir difficulté et ajouter au temps perdu. Il n’y a rien de plus aisé que de ne rien faire, il n’y a qu’à continuer. Si la commission des trente se croit tenue de poursuivre des études jusqu’ici malheureusement assez stériles, et de se perdre dans des discussions confuses où elle finit par ne plus se retrouver, — si les partis n’ont pas d’occupation plus utile que de nouer des coalitions ou de s’observer pour se neutraliser, — les monarchistes s’effarouchant au seul mot de république, les républicains refusant les plus simples garanties conservatrices, le centre droit faisant le dégoûté, le centre gauche se tenant sur la réserve, — si l’on se fait un jeu de s’épuiser encore en subtilités, d’amasser des ombres au lieu de les dissiper, d’aggraver les méfiances et les divisions au lieu de marcher ensemble au but commun, — si on fait tout cela, sûrement on peut passer la session présente et même la session prochaine sans arriver à rien. C’est une manière comme une autre de faire de la politique; mais que l’assemblée nous permette de le lui dire : elle n’est plus libre après ce qui vient de se passer depuis quelques jours, en présence des tentatives légitimistes, des prétentions bonapartistes et des pressantes adjurations de M. le président de la république. Elle n’a le choix désormais qu’entre cette nécessité immédiate d’organisation et la dissolution, La dissolution! C’est bientôt dit. L’assemblée ne peut songer à se dissoudre sans avoir accompli l’œuvre qu’on lui demande, et l’autre jour M. Casimir Perler a été le premier à se lever contre l’urgence réclamée en faveur d’une proposition de dissolution. Accepter cette abdication, ce serait dire au pays : depuis près de quatre ans, nous retenons le pouvoir souverain, nous l’avons retenu tant que nous avons espéré pouvoir nous en servir dans l’intérêt de nos vœux et de nos préférences de partis. Maintenant nous ne pouvons plus rien, nous ne pouvons ni nous entendre ni vous donner les institutions dont vous avez besoin, que le chef de l’état nous demande. Sauvez-vous vous-même! — Non, l’assemblée n’en est pas là; elle ne peut se laisser conduire à cette extrémité, lorsque rien ne lui est plus facile que de donner au pays quelques années de trêve, de sécurité et de travail paisible qui peuvent l’aider à relever sa fortune si cruellement éprouvée.

Le malheur de ces préoccupations fixées sur un seul point, de ces agitations parlementaires tournant toujours dans un même cercle, c’est