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maréchal de Mac-Mahon adresse ses ordres du jour à l’armée. Quelle difficulté, quelle abdication d’opinion y a-t-il à s’accommoder de ce qu’on accepte depuis trois ans, à organiser ce qui existe dans des conditions sérieusement et fortement conservatrices, sans disputer sur des mots et sur un nom ?

Ce ne sont pas les projets qui manquent. Il y a toujours les projets Dufaure; il y a la proposition de M. Casimir Perier, qui n’est qu’un appel aux lois Dufaure combinées avec la loi du 20 novembre qui établit le pouvoir du maréchal de Mac-Mahon; il y a le système de M. Lambert de Sainte-Croix. La commission des trente, qui n’est guère à l’œuvre que depuis sept mois, a fini par avoir un plan nuancé, savamment équilibré, sur lequel M. de Ventavon doit faire un rapport. Les propositions et les amendemens individuels ne se comptent pas. Maintenant le gouvernement, à son tour, vient de paraître devant la commission pour développer ses idées et préciser ce qu’il regarde comme un minimum d’organisation nécessaire. Tout ce qui est à craindre, c’est qu’en se laissant déborder par les projets, les contre-projets, les amendemens, les combinaisons, les subtilités, on ne perde inutilement du temps d’abord, pour arriver bientôt à la confusion des langues, lorsque par le fait la solution n’est ni aussi compliquée ni aussi laborieuse qu’on semble le croire. Au fond, quels sont les élémens de cette solution et de la situation?

Le gouvernement de M. le président de la république existe, c’est entendu, personne ne veut y toucher. Il reste à le doter de ses organes nécessaires, de ses prérogatives naturelles. Déjà il exerce sans contestation la plus grande partie des attributions de l’autorité exécutive. Qu’on lui donne le droit de dissolution de la chambre élective, nous ne voyons pas en vérité pourquoi la gauche elle-même s’y opposerait sérieusement ; elle n’en est pas à comprendre que dans les conditions actuelles le meilleur moyen de faire vivre la république est de l’appuyer sur un gouvernement fort. Quant à la transmission du pouvoir exécutif, il n’y a pas de doute, c’est le congrès des deux chambres qui la réglera dans sept ans, ou plus tôt, s’il le faut, en s’inspirant de l’état du pays, en exerçant au besoin ce droit de révision constitutionnelle que la proposition du centre gauche ne lui refuse pas. — L’idée de la seconde chambre est admise à peu près par tout le monde. Dans quelle mesure l’élection et le choix du pouvoir exécutif doivent-ils concourir à la formation de cette seconde assemblée ? C’est une question à trancher. Le problème est à nos yeux moins dans la manière de former la chambre haute que dans certaines conditions d’éligibilité de ceux qui la composeront et dans les attributions qu’on lui donnera. — Une loi électorale, il faut une loi électorale ! Il y en a une qui a passé déjà par l’épreuve d’une première lecture. Elle est un peu