indigène, les éléphans n’avaient jamais cessé d’être employés à la guerre. Ils ne sauvèrent pourtant pas l’Inde ni de la conquête musulmane, ni de la conquête tartare. Les conquérans de l’Inde adoptèrent cette institution militaire du pays conquis. Le Grand-Mogol Akhbar de Delhi entretenait 6,000 de ces animaux. Lorsqu’il entreprit en 1573 la conquête du Bengale, il se fit suivre de 600 éléphans, et, dans une expédition ultérieure, il en emmena sur le dos desquels il avait installé de petites pièces en fer servies par quatre canonniers. L’invention des armes à feu n’avait pas mis fin à l’emploi des éléphans à la guerre : on trouvait au contraire avantageux de pouvoir les tenir loin de la mêlée en établissant des pièces de campagne sur leur dos, et ils servaient en quelque sorte d’affûts vivans et mobiles. Lorsque Thomas Roe fut envoyé en 1615 à la cour d’Agra comme ambassadeur de Jacques Ier, il vit 300 éléphans qui portaient de petits canons de 6 pieds de long et du calibre de 2 livres. Ces pièces étaient montées sur des affûts installés sur le dos même de l’animal ainsi que les quatre servans. Les éléphans figurèrent dans les guerres des souverains indigènes contre les Français, au temps où ceux-ci avaient un empire dans l’Inde et contre les Anglais. Il nous faut dire maintenant quels services rendent ces animaux dans les parties de l’Inde où l’espèce est indigène.
Aristote est le premier naturaliste qui ait décrit l’éléphant; il avait sous les yeux un spécimen vivant de l’espèce, car Alexandre envoyait à son ancien maître des animaux curieux des contrées qu’il soumettait. Aussi les naturalistes de notre siècle ont-ils pu constater que sa description de l’éléphant est plus exacte que celle de Buffon. Un seul détail le montrera : Buffon soutenait contre Aristote que l’éléphant tette sa mère avec sa trompe et non avec sa bouche; mais Aristote avait raison contre Buffon. Les autres écrivains de l’antiquité mêlèrent à des observations vraies des récits chimériques auxquels donnaient lieu l’intelligence et la docilité de l’animal. Se méprenant sur le but des ablutions auxquelles les éléphans se livrent la nuit dans les fleuves, on allait jusqu’à leur attribuer je ne sais quelle religion sidérale analogue à celle des mages de la Chaldée.
Malgré sa haute taille et sa force, l’éléphant est un des êtres les plus inoffensifs de la nature; cela s’explique par ce fait, que sa nourriture est exclusivement végétale. A l’état de liberté, il se nourrit de feuilles et d’écorces d’arbre. Il n’attaque personne à moins d’être excité, et il évite la rencontre de l’homme, comme s’il avait le sentiment de l’hostilité de ce dernier; on a même remarqué