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DU
NOUVEAU SYSTÈME FINANCIER
DE LA FRANCE

On peut résumer en peu de mots et en deux ou trois chiffres le changement survenu dans les obligations et les charges du contribuable à la suite et par l’effet de la déclaration de guerre de 1870 et de la dictature assumée le 4 septembre par les républicains extrêmes. La catastrophe de 1870-1871 a coûté à l’état, aux termes du rapport adressé au maréchal-président le 28 octobre 1873 par M. Magne, 9 milliards 288 millions, dont 8 milliards 268 millions ont été empruntés, savoir 6 milliards 738 millions au public en général, et 1 milliard 530 millions à la Banque de France ; le complément de 1 milliard 20 millions a été puisé à diverses sources, particulièrement à celle des impositions extraordinaires. A la somme ci-dessus, de plus de 9 milliards, il faut joindre ce qu’on a appelé le compte de liquidation, pour éviter le nom, consacré par l’usage, de budget extraordinaire. C’est une dépense à faire successivement, qu’un rapport parlementaire a évaluée à près de 1 milliard 500 millions, sur quoi la moitié environ a été déjà trouvée; mais, avec les additions indispensables, ce qui reste à débourser, après qu’on aura épuisé les fonds en réserve, ne sera pas de moins de 1 milliard.

Avant ces funestes événemens, le budget était de 1,800 millions; aujourd’hui, et pour une période indéfinie, il est et sera de 2 milliards 500 millions à 2 milliards 600 millions, et, d’après la manière dont on s’est engagé, il n’est aucunement démontré qu’il ne montera pas plus haut encore. Et le patient qui doit bon gré mal gré tirer de sa substance propre cet énorme supplément de 700 à 800 millions pour le moins est un pays non-seulement diminué de deux de ses provinces les plus industrieuses et les plus riches, mais