pendant plusieurs heures. Puis quel ennui de compter les intervalles de 10 en 10 mètres marqués sur la ligne par des chevrons colorés ! Et après tout ce travail, la sonde revenait quelquefois sans que le suif, dont l’extrémité était enduite, rapportât du sable ou du limon ; on n’avait pas touché le fond, il fallait recommencer. À bord du Challenger se trouvent des appareils perfectionnés qui facilitent singulièrement ces opérations. D’abord une petite machine de la force de 10 chevaux-vapeur, placée sur le pont, fait tout le travail de force auquel les hommes de l’équipage étaient condamnés. L’appareil de sondage qu’on a préféré porte le nom d’Hydra, du nom d’un navire chargé de la pose d’un câble électrique dans la Mer-Rouge, qui le mit le premier en usage. Retirer du fond de la mer le plomb de sonde était la partie la plus longue et la plus pénible de la manœuvre. On a imaginé diverses dispositions pour y abandonner ce poids, devenu inutile. Le moyen suivant a été expérimenté par le capitaine Calver, du Porcupine, et adopté par les marins du Challenger. Imaginez un tube de cuivre de 6 centimètres de diamètre et de 1m,37 de long, dans lequel s’engage une tige pleine d’une longueur égale au quart de celle du tube. Cette tige, attachée à la ligne, porte vers son extrémité supérieure un ressort en acier appliqué en forme d’arc dans le sens de sa longueur. Une dent fixée sur la tige traverse le ressort et ne fait saillie que dans le cas où le ressort est pressé par un poids considérable : ce poids, ce sont un certain nombre de disques en fonte qui, enfilés le long du tube, sont soutenus inférieurement par un anneau suspendu à une anse de corde accrochée à la dent qui soutient l’ensemble des disques. Le poids total de ces disques, qui est en général de 100 kilogrammes, pressant sur le ressort, la dent à laquelle ils sont suspendus reste saillante ; mais, dès que l’extrémité inférieure du tube s’enfonce dans la vase du fond, les disques sont soulevés, le ressort se débande, décroche la corde qui soutient les poids, et ceux-ci tombent au fond de la mer avec l’anse qui les retenait. En même temps, la pression de bas en haut soulève une soupape placée à la partie inférieure du tube, la vase et l’eau du fond de la mer s’introduisent dans l’intérieur : on le remonte alors sans peine, soulagé du poids qui le faisait descendre, et il rapporte un échantillon du fond de l’océan et une nouvelle assurance que la sonde l’a réellement touché au moment où l’allégement subit du poids était perçu par la main du sondeur[1]. Signalons encore quelques améliorations de moindre importance, mais toutes combinées pour rendre l’opération moins longue et moins pénible. Les anciennes lignes étaient assez
- ↑ Voyez, pour la figure de cette sonde, Ocean Highways, october 1873, et Depths of the Sea, p. 218.