que ceux qui les édictent n’observent pas, aura son principal appui dans les mœurs, et, ce qui est le plus immuable, dans la famille.
Par un rapprochement qui ne peut être contesté, la famille musulmane est comparable à la famille romaine en ce qui touche à la condition de la femme. Mêmes conditions de mariage pour la femme, achetée en quelque sorte par le mari, qui donne la dot, même faculté de divorce par formules énoncées une, deux ou trois fois, autorisant dans les deux premiers cas à reformer l’union tout de suite, tandis que dans le troisième cas le mari ne peut reprendre la femme qu’après un mariage intermédiaire, suivi lui-même de divorce. Toutefois, pour ce qui nous occupe, une anomalie étrange distingue la famille mahométane de toutes les autres. Les femmes, dont on connaît la situation inférieure, sont amenées par cette incapacité même à l’égalité entre elles. Dans l’intérieur d’une maison, la mère du maître, et, à son défaut, la femme légitime ou une des femmes légitimes, a sans doute la première place et commande les femmes esclaves ; mais qu’un caprice du maître élève une de ses esclaves au rang de favorite, et que de ce commerce naisse un enfant, cet enfant sera appelé aux mêmes droits que les enfans légitimes, il sera chef de la famille au détriment de ses Freres cadets nés de mariage légitime. Du reste les parts de succession seront égales. La personnalité du père a seule de la valeur. Comme résultat de cette facilité que la loi donne aux musulmans, l’usage s’est répandu d’acheter une esclave qui devient la mère des enfans, tandis que ces enfans n’auront jamais à rougir de leur origine, ni à s’humilier devant d’autres, survenus plus tard, qui naîtraient d’un mariage. Les plus grands seigneurs connus du monde musulman sont ainsi fils d’esclaves. Qu’on ne suppose pas que ces unions, qui conduisent au même but que le mariage, présument des gens de même race physique. Tel seigneur arabe est blond et blanc parce qu’il a reçu le jour d’une Circassienne ; tel autre est bronzé, s’il n’est presque noir, parce que son père l’a eu d’une Abyssinienne ou d’une négresse. D’ailleurs l’état social de la femme n’est pas modifié ; elle est esclave, restant encore esclave après qu’elle a donné un fils, et pouvant, ce qui n’arrive que rarement, être cédée et vendue. La femme, soit légitime, libre de demander le divorce et protégée si elle a des parens puissans, soit esclave et obéissant aux fantaisies de son maître, n’a que la mission de donner des enfans, et peu importe à quel titre elle les donne. C’est en général par la femme esclave que la famille se forme ; la plupart du temps les alliances se concluent dans un intérêt d’ambition, de solidarité entre deux familles ; la paternité peut se passer de liens qui font du mariage en Europe l’acte par lequel on continue la famille. Un enfant musulman est caractérisé par le nom du père ; on ne sait pas quelle est sa mère, il n’y a pas lieu