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à leur véritable nature. Celles que l’on y suit aujourd’hui doivent être réservées pour les lycées et les instituts techniques. Le plan des études se trouverait alors constitué comme celui des États-Unis. Il serait facile d’y établir cet enchaînement qui, depuis le premier degré de l’enseignement primaire jusqu’à l’enseignement supérieur, formât des séries non interrompues, de manière que chacune d’elles fût une préparation pour celle qui la suit. C’est la ligne droite substituée à la pluralité des voies dans lesquelles l’organisation actuelle force les enfans à s’engager, sans savoir si la route qu’ils vont suivre sera bien pour eux la meilleure et la plus sûre.

Cette organisation est conforme au grand principe d’égalité qui régit les états libres, où tous les citoyens, riches ou pauvres, ayant les mêmes droits, doivent trouver dans le système général de l’enseignement public la possibilité de pousser leur instruction aussi loin qu’ils le voudront ou qu’ils le pourront. Il ne sera pas donné à tous sans doute de parcourir tous les degrés successifs de cet enseignement : les uns n’auront besoin que de recevoir l’instruction élémentaire, les autres pourront se contenter de l’instruction intermédiaire ; d’autres enfin seront en position d’aller plus loin et de parcourir dans son entier le cercle de l’enseignement public ; mais le choix qu’ils auront fait aura uniquement dépendu de leur volonté ou de leur condition de fortune. Cette organisation offrira à chacun d’eux le double avantage de donner à chaque phase de l’enseignement un caractère spécial, puisqu’il se composera des connaissances appropriées aux conditions sociales où devront se trouver ceux qui doivent s’en contenter, et de préparer en même temps à l’enseignement du degré immédiatement supérieur.

C’est ainsi que la crèche conduit à la salle d’asile, la salle d’asile à l’école primaire du premier degré, et celle-ci à l’école élémentaire du degré supérieur. Comme ce degré sera la limite à laquelle s’arrêtera le plus grand nombre, disons-le en passant, il ne faudra pas resserrer l’enseignement élémentaire dans l’étroit espace de trois années. L’éducation populaire qui se bornerait à l’enseignement de la lecture et de l’écriture serait insuffisante. Ce n’est pas la lecture seulement qu’il faut apprendre aux enfans, c’est l’amour de la lecture qu’il faut faire naître en eux. Il est facile de donner à des enfans de six à dix ans des notions exactes les faisant pénétrer sans aucun appareil scientifique dans l’étude de la nature ; il est surtout essentiel de jeter dans leurs âmes les germes des vertus morales, d’habituer leurs esprits à observer et à réfléchir.

Les élèves moins nombreux qui participeront à l’enseignement secondaire y seront parfaitement préparés. Que de choses ils pourront