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fin du siècle dernier une vieille tour destinée à des observations de tout genre. La fondation de cet établissement était due à l’initiative d’une société astronomique qui s’était constituée à cet effet dans l’antique capitale de l’Ecosse ; mais, ne pouvant payer les instrumens commandés ni appointer des astronomes, elle se décida en 1834 ; à céder l’observatoire au gouvernement. Le premier « astronome royal pour l’Ecosse, » chargé de la direction de l’observatoire d’Edimbourg, fut Henderson, qui revenait alors du cap de Bonne-Espérance. Son successeur, M. Piazzi Smyth, a fait établir sur le Calton-Hill un time-gun, canon de 20 livres dont la détonation, provoquée à une heure de l’après-midi par un courant électrique, signale l’heure aux marins et leur permet de régler leurs chronomètres. Pendant quelques années, le signal avait été donné par un lime-bail, comme à Greenwich, à Glasgow et ailleurs ; c’est une grosse boule suspendue à une potence élevée et qu’un mécanisme électrique fait tomber à un instant précis[1]. Malheureusement l’observatoire d’Edimbourg est victime des tendances centralisatrices qui dominent maintenant en Angleterre ; son budget est fort réduit et lui permet à peine de végéter. L’observatoire royal de Dublin, fondé en 1774, et que dirige aujourd’hui M. Brunnow, « astronome royal pour l’Irlande, » n’est pas dans des conditions beaucoup meilleures. Au contraire, l’observatoire de l’université de Glasgow, la plus ancienne et la plus riche des universités d’Ecosse, et l’observatoire ecclésiastique d’Armagh, fondé par le primat d’Irlande, que dirige depuis 1825 le révérend Robinson, sont bien outillés et rendent de réels services.

Le célèbre établissement de Kew, qui dépend à la fois de l’Association britannique pour l’avancement des sciences et de la Société royale de Londres, est l’observatoire météorologique central de l’Angleterre : on y étudie les appareils nouveaux et les méthodes nouvelles ; en outre, l’astronomie proprement dite y trouve son compte par l’application de la photographie à l’étude des phénomènes célestes. C’est là que M. Warren de La Rue a inauguré son procédé d’observation du soleil à l’aide du photohéliographe, — premier pas décisif dans une voie éminemment féconde, dont l’idée première appartient à deux savans français, MM. Fizeau et Léon Foucault.

M. Warren de La Rue, qui tout récemment encore présidait la Société astronomique de Londres, est le plus gros fabricant de papier d’Angleterre, et on lui doit une notable amélioration du papier photographique. Il avait depuis 1852 un petit observatoire dans sa maison de Canonbury, à Londres, où il entreprit ses premiers essais de photographie céleste ; cinq ans plus tard, il le transporta au village de Cranfort, à l’ouest de

  1. A Newcastle et à Shields, un courant électrique lancé de Greenwich fait également partir un canon ; à Liverpool aussi, le time-gun a été substitué au time-ball. À Melbourne, en Australie, le signal est une lumière qui disparaît et reparaît brusquement.