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L’ORIGINE DES ÊTRES

III.
LES CONDITIONS DE SÉJOUR, L’HYBRIDITÉ, l’ÉVOLUTION DES ÊTRES, LE MONDE ANCIEN[1].


I

Dans l’entreprise difficile d’une reconnaissance de la nature à son origine, c’est fini des mots heureux, des formules qui trompent l’ignorance, des explications aventureuses qui obscurcissent la vérité. On a parlé de la variation sans limites, de la lutte pour l’existence, de la sélection naturelle et de la sélection sexuelle, aucune lumière n’a jailli ; beaucoup d’esprits ont été jetés dans l’erreur. Il est temps de considérer simplement les faits acquis à la science par une observation constante et par une longue expérience. Examiner les conditions de la vie des espèces végétales et animales, envisager les résultats d’unions entre des individus d’espèces différentes, suivre l’évolution des êtres, comparer les flores et les faunes anciennes aux flores et aux faunes de l’époque actuelle, c’est l’œuvre nécessaire et indispensable pour entrevoir l’état du monde pendant les âges successifs.

Les défenseurs de l’idée de la variation indéfinie supposent que les êtres se transforment en changeant de milieu : une pure illusion. Des exemples l’ont montré ; indifférente au climat et alors très cosmopolite, l’espèce n’est affectée d’une manière sensible ni par

  1. Voyez la Revue du 15 juin et du 1er  août. — Revue du 1er  août, p. 610, ligne 26, au lieu de pareilles réserves, lisez pareilles rêveries.