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UNE
MISSION EN BIRMANIE
— 1873—1874 —

Une ambassade birmane vient de quitter la France, et, bien qu’il n’y ait pas lieu d’attacher à la visite de ces ambassadeurs une importance exagérée, il peut être intéressant de rechercher ce qu’ils sont venus faire à Paris, d’autant plus que les questions de l’extrême Orient touchent de près les intérêts français. Pendant que nous nous débattons chez nous sans pouvoir nous entendre, et que nous semblons chercher à détruire le bon effet produit à l’étranger par nos premières tentatives de renaissance, le temps se passe, et les questions mûrissent. Les événemens dont le Tonkin vient d’être le théâtre en sont la preuve. Peut-être l’occasion eût-elle été belle pour étendre notre influence dans les mers de Chine et notre territoire au nord de la colonie de Saigon ; malheureusement notre situation financière d’une part, notre situation politique de l’autre, ne nous permettent guère de profiter des occasions favorables qui peuvent se présenter dans ces parages lointains. Il importe cependant de ne point perdre de vue ces pays, où la France semble appelée à jouer un rôle civilisateur, et, avant de parler de la mission qui a précédé la récente visite des envoyés du roi de Birmanie, il n’est point inutile d’expliquer brièvement l’origine de nos rapports avec ce souverain asiatique.


I.

En 1857, on vit arriver à Paris un certain M. Girodon, portant le nom et le titre plus sonores de général d’Orgoni, et se disant envoyé