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la description des camées et des intailles que l’antiquité et la renaissance nous ont légués. Depuis un quart de siècle, on a rassemblé dans des collections spéciales les empreintes moulées ou surmoulées d’une multitude de sceaux, amassés dans les dépôts d’archives, conservés parmi des papiers de famille. On a pu ainsi classer les monumens sigillographiques, les comparer, en fixer l’âge et les caractères respectifs, expliquer les sujets qui y sont représentés en même temps qu’on déchiffrait leurs légendes ; on a rapproché ces figures et ces inscriptions des données fournies ailleurs sur les personnages, les établissemens et les circonstances auxquels ces sceaux se rapportent. On a éclairé de la sorte bien des points obscurs de la chronologie, de l’histoire nobiliaire, ecclésiastique, de l’histoire des villes et des institutions au moyen âge. Ces riches collections ont mis l’érudit en présence d’une iconographie plus abondante et plus variée que celle que nous devons à la statuaire et à la numismatique, d’une glyptique spéciale dont les œuvres, diversifiées à l’infini, peuvent servir à combler maintes lacunes de l’histoire des arts et accroissent les matériaux de la symbolique du moyen âge. Dès ce moment, si la sigillographie n’a pas été encore une science faite, elle a été du moins une science en voie de formation et d’une importance reconnue et acceptée. Plusieurs publications ayant les sceaux pour objet ont été entreprises ; on n’a rien négligé de ce qui pouvait contribuer à nous assurer la complète intelligence des monumens sphragistiques dont on a dressé de consciencieux répertoires. Entre ces répertoires, je dois citer en première ligne la Collection de sceaux donnée par M. Douët d’Arcq, aujourd’hui chef de section aux Archives nationales, travail entrepris grâce à l’initiative et sous la direction du marquis L. de Laborde, alors directeur-général de cet établissement. Je rappellerai ensuite l’Inventaire des sceaux de la Flandre, dressé par M. G. Demay et qui est la première partie d’un répertoire plus étendu dont la seconde partie, consacrée aux sceaux de la Picardie et de l’Artois, est sous presse. Ces deux ouvrages nous donnent la mesure de ce qu’on peut attendre des études sigillographiques. Je veux essayer, en les prenant pour guides, de présenter un aperçu de l’œuvre déjà accomplie, et de justifier ainsi aux yeux de tous l’intérêt qu’attachent aux sceaux ceux qui se vouent à la tâche de nous les expliquer. Ces sceaux, naguère dissimulés sous la poussière des parchemins et la couleur ternie par les siècles de leur matière, sont à peine connus même des historiens de profession. Je rappellerai d’abord l’emploi qu’on en faisait, le rôle qu’ils ont joué, les caractères physiques qu’ils offrent, car là est la base de la science sigillographique : elle a son berceau dans la diplomatique ; or l’on ne saurait parler de ses premiers développemens sans dire un mot de sa naissance. J’analyserai ensuite les principaux renseignemens que les