Page:Revue des Deux Mondes - 1874 - tome 5.djvu/919

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

comme l’intéressante exposition de l’Union centrale des arts, installée actuellement au Palais de l’Industrie, nous permet de le faire, c’est aussi pour mieux connaître les mœurs d’une époque. D’ailleurs, la date des différentes modes une fois rigoureusement assignée, on possède pour bien des monumens d’une époque discutée des élémens chronologiques précis.

Si les sceaux peuvent être accusés de quelque i3énurie en ce qui touche au costume civil, ils suffisent cependant pour en établir les principales phases au moyen âge. S’agit-il de l’habit de corps, ils nous montrent le sayon (sagum) remplacé par une sorte de chlamyde, de manteau s’attachant sur l’épaule, à laquelle succède la chape, qui s’agrafe par-devant, et qui demeurera en usage jusqu’à l’introduction de l’habit court. S’agit-il de la coiffure, ils nous présentent d’abord le chaperon, puis le béguin, ensuite le bonnet, enfin le chapeau. Il y a de plus certains chapitres de l’histoire du costume civil dont les sceaux nous apportent presque tous les matériaux. Tel est le cas pour le vêtement de chasse, fréquemment figuré sur les monumens, car les seigneurs, quand ils ne se font pas représenter armés de pied en cap, aiment à se faire voir dans leur passe-temps favori ; ils sont encore à cheval, mais ils portent une robe descendant jusqu’à mi-jambe, soit flottante, soit retenue par une ceinture. Ils ont généralement la tête nue. Tantôt ils sonnent du cor, tantôt ils tiennent en arrêt un épieu ou une lance. Parfois, ils ont sur le poing l’oiseau de vol, que porte volontiers sur son sceau la noble dame. Un chien est près d’eux, courant ou tenu en laisse. Un autre genre de costume sur lequel nous renseignent les monumens de la sigillographie est celui qu’avaient les maires ou mayeurs et les échevins dans le nord de la France. Ces magistrats sont en effet plusieurs fois représentés sur les sceaux des communes, le plus souvent en costume civil, avec la longue cotte fendue devant et derrière, le manteau attaché sur l’épaule ; ils sont à cheval, généralement nu-tête, tenant à la main une verge, un bâton ou une gaule, ainsi qu’on peut le voir par les sceaux de Corbie, de Roye et de Hesdin. Sur un sceau de 1413, appartenant à Frévent en Artois, le maire est coiffé du chaperon, tandis que celui de Chauny, qui est plus ancien (1302), nous offre le même magistrat portant simplement le béguin. Le sceau de Doullens en Picardie, qui date du XIIe siècle, représente les douze échevins de la ville placés sur trois lignes ou zones ; à celle d’en haut, trois échevins se montrent armés de crocs ; à celle du milieu, cinq portent des haches ; à celle d’en bas, quatre sont armés de fauchards ou hallebardes. Tels étaient les insignes de leur charge, ces magistrats municipaux ayant entre autres missions celle de procéder aux exécutions.