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Page:Revue des Deux Mondes - 1874 - tome 6.djvu/431

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L'HISTOIRE
DU DROIT DE PUNIR
D'APRES DES PUBLICATIONS RECENTES

I. Histoire du droit criminel des peuples anciens, par M. Albert Du Boys, ancien magistrat, 1 vol. in-8o. — II. Histoire du droit criminel des peuples modernes, de l’Espagne, de l’Angleterre, de la France, par le même, 6 vol. in-8o, 1858-1874. — III. Rapport sur le régime des établissemens pénitentiaires, par M. le vicomte d’Haussonville, membre de l’assemblée nationale, Paris 1874.

Les subtiles doctrines de philosophie morale qui, en Angleterre et en France, essaient de se substituer aux grandes traditions du genre humain ont abouti récemment à des conclusions fort étranges ; des esprits ingénieux, pénétrans, des penseurs qui ne sont nullement à dédaigner, ne craignent pas de contester à la société le droit de punir les délits et les crimes. Telle est en effet leur façon de comprendre la conscience et la liberté de l’homme qu’il ne peut plus y avoir ni crimes ni délits. A les entendre, quand la société condamne à mort un homme convaincu d’assassinat, elle se trompe sur la nature de l’arrêt qu’elle prononce ; elle n’a pas le droit de déclarer que cet homme est un criminel, elle a seulement le devoir de le faire disparaître comme un danger public. Cet homme est une anomalie, une monstruosité ; le salut de l’espèce veut qu’il soit mis hors d’état de nuire. On ne frappe pas en lui un être libre, un être moral, qui aurait violé des lois éternelles, car tous ces mots, d’après les docteurs dont il s’agit, sont entachés de mysticisme ; on ne