Page:Revue des Deux Mondes - 1874 - tome 6.djvu/477

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

régu- des institutions qu’on ferait aujourd’hui ? Est-ce qu’il n’est pas de l’intérêt de tout le monde de mettre dans cette organisation une force conservatrice suffisante, plus nécessaire que jamais au milieu des circonstances extérieures où la France est condamnée à vivre pendant bien des années ?

Le terrain de la majorité nouvelle qu’on cherche, il est là et il ne peut être que là, parce que là seulement peuvent se rencontrer tous ceux qui, sous le drapeau de l’intérêt national, prétendent défendre.la sécurité et le repos du pays contre les entreprises des partis, tous les esprits libéraux et conservateurs qui font de la politique avec ce qui est possible, avec des réalités, non avec des chimères. Qu’on nous permette de le dire : il ne s’agit nullement aujourd’hui de déployer de la diplomatie, de s’observer, de savoir qui fera le premier pas, du centre droit ou du centre gauche. Des sacrifices, il y en a sûrement à faire de tous les côtés, si l’on veut arriver à une action sérieuse et efficace. C’est aux hommes bien inspirés dans les deux camps de chercher franchement et résolument ce qui peut les rapprocher, d’effacer, par un esprit supérieur de conciliation et de patriotisme, les méfiances, les froissemens qui les ont divisés. La vérité est que les uns et les autres ont été conduits par les circonstances, par une mauvaise fortune parlementaire, à la situation la plus fausse, et que c’est là au fond une des plus dangereuses difficultés du moment.

Que peut le centre droit, malgré l’habileté de quelques-uns de ses chefs ? Il se ferait évidemment une singulière illusion, s’il se flattait encore d’arriver à une certaine organisation du septennat avec ce qu’il appelle une majorité conservatrice, peut-être avec la majorité du 24 mai reconstituée. Il s’est mis dans cette position étrange d’avoir à poursuivre une politique avec des partis dont il hésite à se séparer et qui sont les plus ardens à combattre cette politique, qui ne veulent entendre parler d’aucune espèce d’organisation constitutionnelle. Quel accord d’idées y a-t-il entre M. le duc de Broglie ou M. le duc Decazes et M. le duc de Bisaccia, qui a été pourtant l’ambassadeur de ce gouvernement à qui il refuse aujourd’hui les plus simples moyens de vivre ? Que peut-on faire avec les légitimistes et les bonapartistes, pour qui ce mot de septennat ne signifie rien de plus qu’un pouvoir tout personnel et de circonstance occupant momentanément une place vide, destinée au plus heureux entre deux prétendans ? Le centre droit fût-il assez éloquent ou assez habile pour s’assurer un instant l’appui de tels alliés, il n’y réussirait qu’en leur donnant des gages aux dépens de sa cause. Pour maintenir une apparence de majorité équivoque, il serait obligé de sacrifier les conditions les plus sérieuses de l’organisation constitutionnelle, de faire du septennat lui-même un pouvoir dénué d’autorité et de garanties, une sorte d’otage de ses ennemis les plus dangereux. Le centre droit n’aurait servi utilement ni le pays ni M. le maréchal de