Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1874 - tome 6.djvu/786

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le radicalisme sous le drapeau de la conservation sociale, et à la condition que tous ces partis désarmeraient devant le septennat qu’ils ont créé. Aucun parti n’a désarmé : les purs, de la droite sont plus irrités et plus intraitables que jamais, le parti bonapartiste devient de plus en plus audacieux et remuant, le parti clérical lui-même proteste contre la politique étrangère d’un ministre qui n’a pas le choix entre la folie et la sagesse. La dissolution est à l’ordre du jour, et l’on peut, sans craindre de se tromper, prévoir le moment où la majorité actuelle deviendra minorité sur cette grave question. Alors les partisans de cette étrange trêve de sept ans, qu’ils appellent le septennat, verront si aux prochaines élections la question se posera entre conservateurs et radicaux. Non ; la situation sera, que disons-nous ? est déjà si simple et si nette qu’il n’y aura pas d’autre chose en jeu que la république et la monarchie, non pas cette monarchie que repousse le sentiment populaire, ni cette autre qu’il ne connaît pas, mais la seule monarchie qu’il connaisse, et à laquelle la France se rattacherait peut-être encore malgré les maux incalculables qu’elle lui a causés, si l’on pouvait encore évoquer devant elle le spectre de la révolution et de la commune.

Quel sera le résultat de cette lutte acharnée, effroyable, entre deux partis ardens qui se jetteront à la tête les hontes de l’empire et les orgies de la commune ? Nous trouvons nos amis un peu trop optimistes, s’ils comptent sur une écrasante majorité ; nous craignons que le dénoûment de l’élection de l’Oise ne se renouvelle en bien des départemens, si l’élection se présente dans les mêmes conditions. On aura beau jeu pour calomnier la république devant la masse des naïfs et honnêtes électeurs, quand on pourra nous montrer, nous républicains de gauche ou de centre gauche, confondus non pas seulement avec les radicaux dont nous respectons les principes, mais avec la horde qui a fait et ferait encore la commune au cri de vive la république. Mais enfin admettons, comme c’est notre espoir, une majorité considérable pour le parti républicain représenté dans toutes ses fractions. Quelle sera la proportion entre ces fractions dans la prochaine assemblée ? Avec les entraînemens du suffrage universel, qui peut le prévoir, qui peut faire le calcul à l’avance ? Quoi qu’il en soit, voilà dans l’assemblée et dans le pays deux partis en lutte, c’est trop peu dire, en guerre, en guerre à outrance, au couteau, sans partis intermédiaires pour amortir le choc ; voilà l’assemblée transformée en une autre convention, où l’on ne fera autre chose que de s’injurier, de se maudire et peut-être se proscrire. En face de cette assemblée unique et souveraine, quoi qu’on dise, vous figurez-vous l’attitude de ce pouvoir