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Page:Revue des Deux Mondes - 1874 - tome 6.djvu/821

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LA
DETTE PUBLIQUE
DE LA FRANCE

LES ORIGINES, LE DEVELOPPEMENT DE LA DETTE ET LES MOYENS DE L'ATTENUER

Il y a peu d’études qui offrent un intérêt aussi saisissant que l’étude des dettes publiques des nations civilisées. Le phénomène des dettes nationales n’est sans doute pas nouveau, mais il a pris depuis cinquante ans un développement si prodigieux que l’esprit en est étonné et presque effrayé. Un économiste anglais de renom, M. R. Dudley-Baxter, qui a consacré à cet important sujet de laborieuses recherches, décrivait récemment la progression des engagemens des états, progress of indebtedness[1]. Dans tous les temps, il s’est trouvé que les peuples ou les souverains ont parfois anticipé sur les revenus futurs par des emprunts temporaires. Ce sont les républiques italiennes qui ont les premières réduit cette pratique en système et remplacé les emprunts occultes et à terme par des emprunts publics et perpétuels. La France et l’Espagne, qui se disputèrent si longtemps l’Italie, suivirent cet exemple. Les Hollandais à leur tour, d’abord sujets, puis ennemis des Espagnols, l’imitèrent. Après la révolution de 1688, l’Angleterre prit aussi cette coutume continentale. Tous les peuples de l’Europe se laissèrent gagner l’un après l’autre par cette contagion : les États-Unis et à leur suite toutes les républiques de l’Amérique du Sud recoururent pour leur affranchissement ou pour les travaux publics à cette facile ressource. Les

  1. Dans son ouvrage National Debts, Londres 1871.