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LA SCIENCE SOCIALE
ET
LA PHIOSOPHIE ANGLAISE

Herbert Spencer, Introduction à la science sociale (Bibliothèque scientifique internationale), Paris 1874 ; Germer-Baillière.

Y a-t-il une science sociale ? La vie des sociétés, qui est un fait naturel tout aussi bien que la vie individuelle, est-elle soumise à des lois ? Peut-on dégager ces lois de l’ensemble complexe qu’elles régissent et des accidens innombrables qui les masquent et qui les déforment ? Quelles sont les difficultés qui s’opposent à la fondation d’une telle science, dont les Aristote, les Machiavel, les Montesquieu, ont conçu l’idée, et qu’ils n’ont réalisée qu’en partie, mais que des méthodes perfectionnées conduiront peut-être à un plus haut degré de précision ? Quelles sont ces méthodes ? quelles sont les études préparatoires à entreprendre, les erreurs à écarter, les dispositions d’esprit à cultiver ? En un mot, quelle est l’éducation et la discipline à laquelle il faut se soumettre, si l’on veut faire quelques pas nouveaux dans ce que l’on appelle aujourd’hui d’un nom assez barbare et assez mal fait, la sociologie ? Tel est l’ensemble de problèmes préliminaires que cette science rencontre d’abord devant elle, et dont la discussion, quelle que soit la conclusion, offre par elle-même un grand intérêt ; tel est l’objet d’un récent ouvrage que recommandent à la fois et le nom de l’auteur et la gravité du sujet.

L’Introduction à la science sociale (Study of social science) n’est qu’un épisode dans l’ensemble des spéculations philosophiques de M. Herbert Spencer. Invité, nous dit-il, par le professeur américain