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Varennes vint rendre leur œuvre impraticable. Le côté droit persévérait plus que jamais dans son opiniâtre résistance. Nous en voyons la preuve dans deux publications de Montlosier à cette date. La première était intitulée Nécessité d’une contre-révolution. Montlosier ne voulait-il pas qu’on revînt aux vœux exprimés par les cahiers de bailliages ? Duport dénonça cette brochure à la tribune. Dénonciation inutile ! que pouvaient produire des propositions pareilles ? Bien que, peu de jours après, Montlosier eût fait imprimer les Moyens de contre-révolution, ses moyens n’étaient pas plus réalisables, et lui-même reconnut que sa dernière brochure eut peu de succès. Essayer, comme il le proposait, de reconstituer la force publique, la mettre à la disposition du roi, faire une ligue de tous les propriétaires, c’était, dans l’état où se trouvait la France, autant de rêves puérils. Les plans si nombreux que l’on proposait alors ne valaient pas ceux de, Mirabeau, et Mirabeau n’était ni debout, ni au pouvoir, pour les faire exécuter.

Réviser la constitution, tel était le cri poussé par les politiques. Le comité de révision, en majeure partie composé des constitutionnels, s’était réuni au comité de constitution, dans lequel, étaient entrés, à la place des démissionnaires, Thouret, Target, Rabaut Saint-Étienne et Desmeunier ; Malouet et Clermont-Tonnerre entretenaient les espérances. « Osez, osez, leur disaient-ils, sachez confesser vos erreurs et les réparer. Vous voulez effacer quelques taches, il s’agit de corriger des difformités. » C’était surtout avec Barnave que Malouet aimait à s’entretenir. Le jeune député du Dauphiné avait beaucoup vieilli depuis quelques mois. Son désir, comme celui qu’avait exprimé Lafayette en février 1791, était de finir vite et bien la révolution.

Le départ du roi pouvait-il le permettre ? On n’ose croire aux folles espérances que ce départ fit naître dans le côté droit. Un de ses organes, le Journal de la Cour et de la Ville, imprima le matin même cette note : « Ceux qui voudront être compris dans l’amnistie du prince de Condé peuvent se faire inscrire à notre bureau d’ici au mois d’août. Nous n’en excepterons que cent cinquante personnes dont nous donnerons incessamment le nom et le signalement. » Tandis que la nouvelle de l’arrestation de Louis XVI et de sa famille rejetait la noblesse dans son obstination, elle unissait plus complètement les constitutionnels et ce qui restait de l’ancien groupe monarchien. La haine que leur portait la famille royale était pourtant faite pour les décourager. Rentrant un soir chez lui, en juillet 91, Montlosier trouva un personnage considérable qui avait vu dans la matinée Mme Elisabeth et Mme Campan. Il lui rapporta le propos suivant de Mme Elisabeth : « M. de Lafayette voudrait actuellement nous