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droits que comme des combinaisons secondaires, et n’avaient aucune objection à ce que la force des choses détruisît la royauté, si elle était incompatible avec les institutions démocratiques. Ils aimaient mieux la démocratie sans royauté que la royauté sans démocratie. » Des trois lignes de défense établies sous la constituante, l’une par les impartiaux, l’autre par Mirabeau, la dernière par les constitutionnels, cette troisième fut la plus facilement emportée. Nous ne parlerons pas des derniers et inutiles efforts que motiva la question des conventions, c’est-à-dire de ces assemblées spéciales chargées de modifier les constitutions. Montlosier raconte que Robespierre se mit à rire quand il fut interdit aux deux prochaines législatures de proposer aucune réforme à la constitution. L’assemblée n’avait plus confiance en elle-même quand elle se retira.

La résolution que prirent ses membres de ne point se soumettre à une réélection a été très blâmée. Du côté droit, ce furent non pas seulement les violens, mais les plus modérés qui avaient manifesté le même éloignement. Cazalès seul marqua du penchant pour le droit de réélection. Il se croyait sûr d’être nommé à Paris. Cette espérance toucha peu la droite, elle fut presque unanime pour faire refuser la parole à son orateur ? mais Cazalès l’obtint et appuya son opinion sur le principe de la souveraineté du peuple : seul il était dans la vérité. Montlosier était à côté de la question quand il répondit : « M. de Cazalès a plaidé la cause des grands talens, je vais plaider celle de la liberté.. Le despotisme est mort ; il y a un parti dans l’assemblée qui voudrait recueillir sa succession. » A gauche, Duport, Le Chapelier et Lameth soutinrent l’opinion du comité de constitution, qui voulait toujours la réélection. La lassitude l’emporta. « Vous avez raison, disait Beaumetz à Montlosier, nous sommes las du public ; le public est encore plus las de nous ; si nous ne savons pas nous chasser nous-mêmes, nous serons chassés. »

N’étant plus député, Montlosier était déterminé à émigrer. Quand le trésorier de l’assemblée vint le trouver pour lui remettre ses frais de poste jusqu’à Clermont, il lui parut plus franc de dire qu’il partait pour Coblentz. « Cela ne me fait rien, » lui répondit l’employé, qui compta alors dans son livre les postes de Paris à Coblentz et en paya le montant. Après avoir assisté avec l’abbé Maury à une séance de l’assemblée législative, Montlosier partit avec un de ses compatriotes, officier au Royal-Cravate, M. de La Villate. Il fut bien vite éclairé sur les intentions des émigrés. L’abbé Maury se trouvait à Bruxelles en même temps que lui ; on annonça une assemblée générale de royalistes. L’abbé Maury y prend la parole et fait un sermon politique sur la nécessité de se rallier à l’ancienne constitution du royaume. Il entre dans les détails de la beauté des trois