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Page:Revue des Deux Mondes - 1874 - tome 6.djvu/942

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liberté absolue et l’autorité absolue, et accusant les orthodoxes de vouloir supprimer le protestantisme, de vouloir revenir au système catholique, et asservir les consciences à une autre papauté. Le vote une fois émis, ils ont nié carrément la légalité et l’autorité de l’assemblée, où cependant ils avaient siégé et voté. Puis des paroles ils ont passé aux actes. Lors du renouvellement des conseils presbytéraux, les consistoires au sein desquels domine leur influence ont refusé de se conformer aux prescriptions du synode sur les conditions de l’électorat, et, quand le ministre s’est vu forcé de casser les élections accomplies contrairement à la loi, ils ont répondu que leur conscience ne leur permettait pas de se soumettre.

Avant de juger ces protestations, il n’est pas mauvais de connaître au juste ce qui les a provoquées. Quelque valeur que puisse avoir cette réserve, le synode à tout le moins avait eu le soin de proclamer qu’il n’entendait nullement faire acte d’autorité dogmatique, qu’il se bornait à constater la foi de la communion réformée, telle qu’elle était exprimée dans ses liturgies, ses fêtes chrétiennes et ses symboles. En conséquence il. avait simplement déclaré que l’église restait Adèle aux principes de foi et de liberté sur lesquels elle avait été fondée, et qu’avec ses pères et martyrs dans la confession de La Rochelle, avec toutes les églises de la réformation dans leur symbole, elle proclamait l’autorité souveraine des saintes Écritures en matière de foi, et le salut par la foi en Jésus-Christ, fils unique de Dieu, mort pour nos offenses et ressuscité pour notre justification. D’un autre côté, le synode arrêtait que désormais tout candidat au pastorat, avant de recevoir la consécration, devrait exprimer son adhésion à la foi énoncée dans cette déclaration. Enfin, quant à l’élection des conseils presbytéraux, — élection que l’arrêté ministériel du 10 septembre 1852 avait mise au régime du suffrage universel, — il statuait qu’à l’avenir, pour être inscrits sur le registre électoral, les protestans de naissance auraient à déclarer qu’ils restaient attachés de cœur à l’église réformée de France et à la vérité révélée telle qu’elle est contenue dans les livres de l’Ancien et du Nouveau-Testament. Si l’on se met au point de vue de ceux qui considèrent une église comme une association religieuse destinée à propager une croyance plutôt que d’autres, on ne saurait guère accuser le synode de s’être montré exigeant ; on pourrait plutôt lui reprocher d’en être resté trop prudemment à des mots vagues et équivoques. Il était question de l’église que les articles organiques de germinal ont reconnue comme professant la religion protestante, de celle qui est subventionnée pour faire face aux besoins religieux des populations protestantes, et en vérité demander seulement que dans cette église les pasteurs admettent l’autorité souveraine des Écritures et le salut par la foi au Christ, c’est déclarer que, pour exercer les fonctions de ministre protestant, il