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Italie aussi bien qu’en Europe. M. Wey ne se décide pas à prendre un parti bien net dans la querelle ; on voit que l’antiquaire pressé de jouir et l’écrivain respectueux, sympathique aux plus nobles convictions du cœur, ne demeurent pas toujours dans un accord sans nuages. Bien d’autres partagent, il faut le dire, ses incertitudes. Le mal est que personne, en ces jours de haines aussi faciles qu’irréconciliables, ne veut se prêter aux réclamations de l’adversaire » lors même qu’elles ont une apparence indéniable de justice. Le gouvernement papal n’ouvrait pas lui-même autrefois une oreille docile aux sollicitations de la science. Les corridors des catacombes éveillaient sa sollicitude bien plus que les restes de l’Agora républicain. C’était son droit, et les découvertes de M. Rosa, quoi qu’elles amènent, ne feront pas oublier celles du chevalier de Rossi ; mais est-ce donc une raison pour regarder comme des coupables ceux qui surveillent avec tant d’impatience, qui voudraient activer même les travaux des ouvriers du surintendant ? Est-ce un crime d’avoir rendu à 4a lumière du jour ces statues, ces basiliques, ces bas-reliefs de l’antique Forum ? Pourquoi se hâter de juger, et de juger sans appel, la grande entreprise du Colisée ? La flore agreste qui couronnait ces vieilles voûtes mérite-t-elle tant de regrets, et ces regrets disent-ils vraiment tout ce qu’ils voudraient dire ? Le luxe poétique dont les graminées revêtent les ruines vaut-il le dommage qu’ils leur causent, et si la croix s’élève un jour à venir, suivant la promesse de M. Rosa, sur le sol restitué de l’amphithéâtre des Flaviens, le chrétien ; en s’inclinant sur cette terre sanctifiée, ne se trouvera-t-il pas plus voisin du sang des martyrs ? Restons dans ce sage milieu où l’on rencontre si souvent la vérité ; hélas ! plût au ciel que nous eussions imité les Italiens dans la transformation qu’ils tentent de Rome poétique en Rome habitable, et dans leur zèle à conserver tous les monumens de leur histoire. Au lendemain de nos révolutions périodiques, nous nous hâtons en France de faire disparaître tous les emblèmes du régime vaincu, et nous traitons, dans nos remaniemens, les vestiges des aïeux comme des masures sans valeur. Les nouveaux maîtres du Capitole, eux, rendons-leur cette justice, quelles que soient nos rancunes particulières, savent se montrer plus tempérans. En restaurant la Porte de Pie IX, ils y replacent respectueusement du même coup l’écusson et les armes du pape, dont ils ont détruit cependant la puissance temporelle. Ce ne sont pas là des méthodes françaises ; elles nous obligent, ce semble, si nous ne pouvons les copier, à plus de mesure lorsque nous nous croyons en droit de les blâmer. M. Francis Wey vient d’ajouter un chapitre important à son encyclopédie de Rome ; mais quand pourra-t-il maintenant se résigner à la croire complète ?

Le nom de M. G. Duplessis est déjà bien connu, quoique celui qui le porte soit jeune encore. Ce ne sont pas seulement les érudits de France,