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beaucoup plus solides, n’ont fait que le confirmer en rectifiant seulement la position du point vers lequel marche le soleil. M. Otto Struve a tenté d’évaluer d’une manière approximative la vitesse de ce mouvement de translation ; d’après ses calculs, elle serait de 7 kilomètres par seconde. Ce chiffre, déduit de données qui ont été depuis rectifiées, est sans doute beaucoup trop faible. Tout ce qu’on peut dire pour le moment, c’est que la rapidité avec laquelle notre système est emporté dans l’espace est probablement du même ordre que les vitesses orbitaires des planètes.

Le mouvement d’ensemble du système solaire est donc désormais un fait acquis ; ce mouvement se reflète, par une illusion d’optique, dans les positions apparentes des étoiles, et les changemens séculaires de ces positions nous permettent de connaître la direction dans laquelle nous sommes entraînés. Pourtant cet effet de perspective ne rend compte que d’une faible partie des changemens constatés : après avoir fait la part du déplacement apparent qui pour chaque étoile résulte de notre propre mouvement, on trouve encore dans la plupart des cas des variations progressives ou périodiques qui dénotent un déplacement réel de l’étoile elle-même. Tantôt ce sont des astres réunis en groupes qui décrivent les uns autour des autres des orbites dont nous pouvons avec le temps reconnaître la forme et les dimensions ; tantôt ce sont les lentes étapes d’un voyage qui emporte l’étoile vers des régions inconnues.

De bonne heure on s’est demandé si tous ces mouvemens n’avaient pas un centre commun, si tout l’univers visible ne tournoyait pas autour d’un soleil central. Le philosophe Kant a voulu voir dans Sirius cet astre-roi. Plus tard M. Argelander a fait une tentative pour résoudre la question par le calcul. Après avoir déterminé, à l’aide des mouvemens propres de 537 étoiles, le point du ciel vers lequel marche notre système, il s’est demandé si, en défalquant des mouvemens propres connus ce qui n’est qu’un reflet de la translation du soleil, il ne trouverait pas des résidus révélant un mouvement général des systèmes stellaires. Le résultat de son calcul a été que probablement les astres tournent tous ensemble autour d’un point situé dans la constellation de Persée ; cependant l’incertitude des données qui servaient de base à son travail ne lui permettait de présenter ce résultat que sous toutes réserves, comme une simple hypothèse.

Un astronome d’un tempérament plus aventureux, M. Maedler, entreprit alors de résoudre le problème sans se rendre un compte exact des difficultés qu’il cache. Jean-Henri Maedler, qui est mort cette année à l’âge de quatre-vingts ans, s’était d’abord fait connaître par la belle carte topographique de la lune qu’il publia en 1836 avec Wilhem Beer, frère aîné de Meyerbeer. En 1840, il avait