Page:Revue des Deux Mondes - 1875 - tome 11.djvu/715

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’examen et la discussion ; pour lui comme pour moi, je n’ai qu’à me louer de la lumière qui déjà en a jailli, et des erreurs qui ont été dissipées ; mais la discussion n’est sérieuse et utile que si elle est loyale, et elle n’est loyale qu’à la condition de tenir compte des faits constans et indéniables.

Or voici ce que je lis dans l’article de M. Klaczko : « Certes l’ambassadeur de France près la cour de Berlin eut, dans cette année 1866, une situation bien difficile et pénible, nous allions presque dire pathétique. Il avait travaillé avec ardeur ; avec passion à amener ce connubio de l’Italie et de la Prusse qui lui semblait être une bonne fortune immense pour la politique impériale, une victoire éclatante remportée sur l’ancien ordre des choses au profit du « droit nouveau » et des idées napoléoniennes. Dans la crainte très fondée d’ailleurs de voir cette œuvre avorter et la Prusse reculer, si on lui parlait de compensations éventuelles et d’engagemens préventifs, il n’avait cessé de dissuader son gouvernement de toute tentative de ce genre,… p. 445. » Déjà à la page 442 et en note, M. Klaczko avait dit : « M. Drouyn de Lhuys, qui avait déjà obtenu de l’Autriche la cession, en tout état de cause, de la Vénétie, insistait en ce moment plus que jamais pour qu’on prît également d’avance des sûretés avec la Prusse, « la plus redoutable, la plus habile des parties. » M. Benedetti ne cessait de dissuader d’une pareille démarche dans la crainte que la Prusse ne renonçât en ce cas à tout projet de guerre contre l’Autriche… »

Or ces allégations n’ont aucun sens ou elles signifient que j’ai été le véritable inspirateur, sinon le négociateur, à l’insu de mon gouvernement, du traité d’alliance conclu en 1866 entre la Prusse et l’Italie, que j’ai en outre détourné, par des efforts incessans, M. Drouyn de Lhuys de l’intention d’exiger du cabinet de Berlin, avant la guerre faite à l’Autriche, les gages éventuellement nécessaires à la sécurité de la France.

M. Klaczko ne corrobore ces affirmations ni de la citation d’un fait connu, ni de l’extrait d’un document officiel ; il n’en fournit la preuve à aucun degré ni en aucune façon.

En ce qui concerne le traité prusso-italien, il savait cependant, puisqu’il cite à tout moment la publication que j’ai faite en 1871 sous le titre : Ma Mission en Prusse, que je répudiais toute participation à cet acte ; il savait que j’avais la prétention de l’avoir démontré, et il ne saurait suffire de me contredire ; il faut en pareil cas faire la preuve contraire, établir que, loin d’être resté étranger, comme je l’ai soutenu, à l’accord intervenu entre la Prusse et l’Italie, j’en avais été le principal instigateur.

Il m’importe que les lecteurs de la Revue des Deux Mondes soient édifiés ; ils connaissent l’article de M. Klaczko, il est juste de placer sous leurs yeux quelques mots seulement des dépêches que j’ai publiées.

« .. On annonce, écrivais-je le 14 mars 1866, la prochaine arrivée