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VINGT JOURS EN SICILE

LE CONGRES DE PALERME.


AU DIRECTEUR DE LA REVUE.


Ischia, 20 septembre 1875.

Cher monsieur,

Vous m’avez demandé de vous dire quelque chose du congrès de Palerme, où nous avons trouvé tant de sympathie, et du voyage de Sicile qui a suivi. Dans le séjour tranquille d’Ischia, et à la distance de quelques jours, ce rapide voyage nous apparaît comme un songe. Tant de monumens, tant de souvenirs, tant de vie, tant de passion se sont déroulés devant nous, que par momens nous croyons rêver d’un autre monde. En vingt jours, nous avons fait ce qui, dans d’autres conditions, eût exigé des mois. Nous l’avons fait surtout en renonçant au sommeil. Maintenant que nous avons reposé paisiblement, nous craignons, en rappelant ces images d’une course féerique, d’être dupes d’une illusion.

La lettre de mon confrère et ami M. Amari, qui m’invitait au congrès de Palerme, me surprit juste au moment où je pensais à revoir ces mers méridionales, que je me figure toujours comme des sources de jeunesse et de vie. Ce mauvais été s’était montré pour moi plein de traîtrises. Il m’avait rendu des douleurs que je croyais endormies ; pour la première fois je pensais à la vieillesse, je me plaignais qu’elle fût prématurée, tout en reconnaissant que, mon œuvre