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pour le nom du peuple iguvien. Sois favorable, sois propice au nom de la Colline-Fisienne, au nom du peuple iguvien. Saint, je t’ai invoqué, je t’invoque, Dius Grabovius. Selon ton rite, je t’ai invoqué, je t’invoque, Dius Grabovius. Je te consacre ce bœuf ambarvale comme expiation pour la Colline-Fisienne, pour le peuple iguvien, pour le nom de la Colline-Fisienne, pour le nom du peuple iguvien. Dius Grabovius, sois enrichi de ces dons. Si le feu a été souillé sur la Colline-Fisienne, si dans la cité iguvienne des rites ont été omis, tiens la faute pour non avenue. Si quelque chose dans ton sacrifice est manqué, mal fait, transgressé, négligé, vicié, s’il est à ton sacrifice un défaut connu ou inconnu, Dius Grabovius, comme il est juste, reçois en expiation ce bœuf ambarvale. Dius Grabovius, purifie la Colline-Fisienne, purifie le peuple iguvien. Dius Grabovius, purifie le nom, les lares, les rites, les hommes, les troupeaux, les champs, les fruits de la Colline-Fisienne, du peuple iguvien. Purifie-les... »

On trouverait chez le vieux Caton, dans les formules de prières qu’il cite et qu’il donne comme modèle à l’agriculteur romain, des invocations et des précautions toutes semblables. En général, les religions qui ont divinisé les forces de la nature sont arrivées à un formalisme de ce genre; les Hindous, les Perses, ont des invocations presque identiques. Il s’agit moins d’obtenir la bienveillance que d’enchaîner la liberté du dieu. Le brahmane qui connaît le rituel dispose du ciel, et par le ciel il est le maître du monde. L’Italiote, sans aller aussi loin, croit que, s’il est fidèle à toutes les prescriptions sacrées, le dieu de son côté ne saurait manquer à son office.

Vient ensuite une seconde cérémonie : la lustration du peuple iguvien. Le sacrifice est offert non pas à Iguvium, mais sur différens points de la banlieue. Le prêtre, vêtu de la prétexte garnie de pourpre et accompagné de deux acolytes, conduit les victimes autour du territoire. Arrivé au point déterminé, il s’arrête et prononce contre tous les étrangers, Tadinates, Étrusques, Nariques, lapydes, une sentence d’éloignement. On a cru longtemps qu’il s’agissait d’un bannissement véritable; un examen plus attentif du texte doit faire penser que nous nous trouvons en présence d’une fiction légale, car on indique aussitôt à ces étrangers le moyen de se racheter de l’exil à prix d’argent. La lustration, à Iguvium comme à Rome, paraît avoir été l’occasion d’un recensement et d’un cens sur les étrangers. La procession achevée, le prêtre prononce une sorte d’imprécation contre les dieux du dehors, suivie d’une invocation aux dieux nationaux.

Un autre document intéressant nous est fourni par la table II,