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En outre des propriétés fébrifuges de l’eucalyptus, on peut en signaler les vertus désinfectantes, antiseptiques contre les plaies : il agit à la fois dans ce cas à titre de tonique astringent par le tannin de ses feuilles et de stimulant par son huile essentielle. A l’extérieur, comme topique, les feuilles poussent à la cicatrisation des blessures ; à l’intérieur, l’infusion des feuilles à faible dose remplace le thé comme boisson hygiénique et stimulante. Convenablement appliqué, l’eucalyptus est utile dans certaines formes des maladies des voies respiratoires ; enfin, bien que l’action des cigarettes dans ces derniers cas ne soit pas établie avec une évidence aussi absolue, cette forme de médication est recommandée par M. Ramel avec une confiance que nous désirons voir justifiée. Comme calmant de la toux et de l’oppression, Prosper Mérimée, dans sa dernière maladie à Cannes, en avait, dit-on, éprouvé les bons effets.

Le côté pharmaceutique de la question ne saurait être qu’effleuré dans une esquisse d’où les détails techniques sont exclus. Infusion, décoction, poudre, feuilles appliquées en nature, eau distillée, teinture, extrait, essence en nature ou en globules, tout cela se trouve décrit avec ses nuances dans les études d’ensemble de Fernand Papillon, de MM. Taillotte et Heckel, qui énumèrent également les principes immédiats que la chimie a su extraire des divers organes de l’eucalyptus. Le mieux défini, le plus curieux de ces principes, c’est l’eucalyptol, produit volatil retiré par M. Cloëz en 1870. de l’huile essentielle d’eucalyptus, et d’où le même chimiste, préparateur au Muséum de Paris, a fait dériver par l’action de l’acide phosphorique anhydre deux autres corps appelés eucalyplène et eucalypiolène ; mais l’intérêt de ces corps est surtout chimique ; l’huile essentielle brute, obtenue avec grande facilité par distillation aqueuse des feuilles et de toutes les parties de la plante, est un produit usuel dont M. le docteur Gimbert a étudié avec soin les propriétés physiologiques, c’est-à-dire l’action sur l’organisme sain, en même temps que l’application à l’organisme malade. Toxique à haute dose pour les animaux, d’abord excitante, puis calmante quand on l’emploie à la dose voulue, elle semble exercer son action sur les cellules postérieures de la moelle épinière, apportant ainsi des modifications dans les fonctions respiratoires, circulatoires et calorifiques qui sont en partie sous la dépendance de cette région nerveuse. La présence d’une huile essentielle, analogue, au moins par l’un de ses principes (l’eucalyptol), aux camphres de Java et de Bornéo, aux essences de menthe poivrée, de cajeput, explique très bien une partie des propriétés de l’eucalyptus (action stimulante, hyposthénisante, antiseptique, effets sur les muqueuses, la