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FLAMARANDE

SECONDE PARTIE[1].

XXII.

L’enfant dormait sur le lit. M. le comte prit dans sa ruelle un petit crucifix or et nacre qui lui venait de sa mère, et, le plaçant sur le marmot :

— Voici, dit-il, l’épreuve terrible ! Enfant, je vous adjure, au nom du Seigneur, de proclamer la vérité ! Ouvrez les yeux, si je prononce le véritable nom de votre père. — Et d’une voix ferme, avec une attitude inspirée, il prononça par trois fois : Flamarande ! Flamarande ! Flamarande !

Le marmot ne bougea pas. Alors le comte lui dit, comme s’il eût pu le comprendre :

— Vous n’êtes donc pas mon fils ? Peut-être avouerez-vous à présent le nom de votre père, et il appela : Salcède ! Salcède ! Salcède !

Le hasard voulut que le pauvre petit ouvrît les yeux, et M. le comte sonna vivement.

J’appelai la Niçoise, qui se tenait à trois pas de là, et je la fis rentrer. Le comte lui remit l’enfant en lui disant : — Tenez-vous prête à sortir.

Puis me retenant : — Faites atteler, dit-il, nous irons à la municipalité. Il faut que le grand mensonge soit accompli. Demain matin le baptême, et demain soir le départ.

La mairie était à deux kilomètres du château. M. le comte fit mon

  1. Voyez la Revue du 1er  février.

tome vii. — 15 février 1875.                                                                                46