Page:Revue des Deux Mondes - 1875 - tome 7.djvu/885

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

jourd’hui un des sujets qui préoccupent le plus vivement les représentans de la reine Victoria dans l’Inde.

Les premières routes furent construites dans les provinces du nord-ouest, pays favorable par sa configuration aux travaux, et où de plus les matériaux nécessaires se trouvaient en abondance. Vers 1851, la route de Calcutta à Delhi était livrée à la circulation. L’impulsion était donnée et fut suivie, surtout dans le Pendjab, royaume nouvellement annexé et dont lord Dalhousie, alors gouverneur-général, suivait les progrès avec un soin paternel. Le mouvement civilisateur n’atteignit tout son développement que lorsque le vote du parlement eut remis le sceptre de l’Inde aux mains de la couronne. Les chiffres disent assez les progrès accomplis par les autorités nouvelles. En 1851-1852, le crédit alloué à la construction et à l’entretien des voies de communication dans les trois présidences s’élevait à 120,000 livres sterling. Ce crédit en 1867-1868 atteignait le chiffre respectable de 1,358,640 livres sterling, à savoir : 531,840 livres sterling consacrées à l’entretien des routes anciennes, et 826,800 livres sterling pour le développement du réseau. Une bonne route macadamisée coûte dans l’Inde environ 1,000 livres sterling le mille (15,500 francs le kilomètre). Il est vrai que le chiffre varie dans d’assez fortes proportions et est de beaucoup supérieur dans le Bas-Bengale, où les matériaux manquent complètement, et où il faut se servir de pierres venues de loin et à grands frais ou de briques concassées, ce qui rend les routes d’un entretien fort onéreux.

Un trait distinctif des routes de l’Inde, c’est le caractère inachevé qu’elles présentent ; au passage des rivières, les ponts font universellement défaut. En effet, ces constructions fort dispendieuses ne rendent que de maigres services. Pendant l’été, les rivières peuvent se passer commodément à gué ou en bateau, tandis que des travaux de premier ordre pourraient seuls résister en hiver à la violence des eaux et ne serviraient qu’à favoriser une circulation peu active. Le budget actuel de l’Inde, au prix moyen de 1,000 livres sterling par mille, permettrait d’ouvrir environ 800 milles de route par an ; mais l’entretien des voies nouvelles incombe à l’état, et il n’est pas dans l’Inde de source de revenus publics, subsides, corvées, taxes locales, que l’on puisse affecter aux dépenses de voirie comme on le fait en Europe. Des barrières avaient été établies à l’origine, mais les produits couvraient à peine les frais de perception ; détruites pendant l’insurrection, elles n’ont pas été relevées depuis. Le problème de l’entretien des routes reste encore à résoudre et présente un grand intérêt, car, en estimant à 75 livres sterling la moyenne des frais d’entretien par mille et la construction annuelle à 800 milles, on voit que le budget des tra-