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chiffre de 437 millions, valeur presque double de celle des mêmes articles importés dix ans auparavant. Magnifique comme l’est le tribut que l’Inde paie à l’industrie de la métropole, on ne saurait en comprendre toute la portée sans remonter soixante ans en arrière, au point de départ de l’importation des cotons anglais. En 1814, les mêmes articles qui figurent dans le dernier exercice sur les états de la douane anglo-indienne pour une somme de plus de 400 millions de francs y étaient représentés par un maigre total d’un lac de roupies (250,000 francs).

De tous les articles de consommation que l’Inde demande à l’Europe, les métaux précieux sont les plus dignes d’attirer l’attention des économistes et des financiers. De temps immémorial, l’Inde a puisé annuellement à pleines mains, dans le réservoir métallique de l’Europe, des sommes considérables d’or et d’argent, qui s’y immobilisent à jamais à l’état de trésors ou de bijoux. Avant l’insurrection de 1857, la consommation moyenne et annuelle de l’Inde pouvait être estimée à 75 millions de francs. Les grands travaux d’utilité publique, la crise cotonnière, ont fait affluer pendant ces dix dernières années les métaux précieux sur le marché de l’Inde, et pour la première fois l’or en quantité très considérable. Dans la dernière période décennale, l’Inde a reçu de l’Europe en chiffres ronds 2 milliards 570 millions de francs en argent, et 1,475 millions en or. Les exportations se sont élevées à 325 millions pour l’argent, et à 62 millions pour l’or, soit un total d’absorption de plus de 3 milliards 1/2 et une moyenne annuelle de 360 millions de francs. Sans doute, la période que nous venons d’examiner a présenté des circonstances particulières qui ne peuvent plus se reproduire : la grande œuvre des chemins de fer anglo-indiens achevée aujourd’hui, la guerre de la sécession, ont créé des besoins exceptionnels en métaux précieux. On ne doit pas moins conclure en disant que, même si la Providence par un prodigieux bienfait fermait en Europe l’ère des guerres et des révolutions, les métaux précieux de l’Australie et de la Californie trouveraient, pour de longues années encore, dans le domaine asiatique de l’Angleterre un sûr et immense débouché.

Le chiffre du commerce général de l’Inde anglaise en 1871-1872, métaux précieux compris, représente plus de 2 milliards 1/2 de francs, total qui donne, sans qu’il soit besoin de commentaires, une juste idée de la place importante que les trois présidences ont prise dans les transactions du monde.

L’Inde, outre son commerce maritime, a un mouvement intéressant de marchandises à travers les passes de l’Himalaya qui conduisent vers l’Afghanistan, le Turkestan et le Thibet. Les tribus