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Ploesti à Kronstadt, et pour le Banat dans celle de Verciorova à Témeswar, au moyen de chemins de fer à construire dans un délai de quatre ans.

Dans son vaste parcours, des confins de la Bukovine à ceux du Banat hongrois, la nouvelle artère roumaine forme une ligne brisée qui touche à trois extrémités du pays[1]. Divers projets nouveaux s’y rattachent; cependant il manque encore, dans le système des communications établies et des voies concédées, l’élément très important d’une ligne carbonifère, celle du Banat hongrois n’étant pas encore terminée. Or il est un autre projet dont l’exécution comblerait largement cette lacune, réaliserait en outre une quatrième jonction avec le réseau austro-hongrois et rapprocherait de Vienne plus que les trois autres. Nous voulons parler d’un chemin de fer de montagne qui remonterait, dans la Petite-Valachie, le cours de la rivière de Jiul, de Filiasch et Tirgujiul au passage de Vulcain, où il atteindrait la frontière à l’ouest de l’Oit et de Hermannstadt. Là il trouverait à Petrocéni d’inépuisables mines de lignite, déjà largement exploitées, ainsi que le raccordement avec les chemins de fer du sud de la Transylvanie, tant pour se diriger sur Pesth, par la voie la plus courte, celle d’Arad, que pour revenir à Bucharest même par Kronstadt. La concurrence qui en résulterait, pour les charbons du Banat comme pour les houilles anglaises, ne pourrait être que très favorable aux intérêts du pays, au point de vue de l’exploitation des chemins de fer, du développement industriel et de la consommation domestique. Le trajet de la poste de Bucharest à Vienne pourrait sans doute en même temps être réduit à une trentaine d’heures. Seulement la nécessité de grands travaux d’art dans les Carpathes peut rendre la construction de la ligne proposée très dispendieuse.

Dès à présent, les facilités nouvelles procurées par l’extension des chemins de fer pour les voyages en Roumanie ont déterminé des changemens notables dans l’organisation des services et les itinéraires. Ainsi la compagnie autrichienne de navigation à vapeur, dont les paquebots faisaient autrefois le service de poste jusqu’à Galatz, où ils allaient prendre les voyageurs d’Odessa, en a maintenant

  1. Elle se dirige d’abord, du nord au sud, d’Itzkani à Roman, en projetant à l’est deux embranchemens de Véreschti vers Botoschan et de Pascani vers Iassy et le Pruth, puis de Roman à Galatz par Bacao, Adjud et Técutch, d’où part un troisième embranchement de gauche sur Berlad, mais en laissant de côté à droite l’importante ville de Fokschan. Joignant ensuite Ibraïla, où elle passe en Valachie, elle se dirige vers l’ouest, par Buccu et Ploesti, sur Bucharest, où elle communique avec la ligne de Giurgévo (72 kilomètres), enfin de la capitale, par Pitesti, Slatina, Craïova, Filiasch et Turnu-Sévérin, sur le point extrême, Verciorova. Un embranchement de Périsch sur Tergovist est concédé, et la ligne à construire de Ploesti à Kronstadt promet un chemin de fer de montagne non moins pittoresque peut-être que celui du Soemmering.