mais le progrès le plus important dans la viabilité du pays, dont il est destiné à changer la face, c’est l’établissement d’un réseau de chemins de fer, qui vient d’être achevé et s’étend sur toute la Roumanie.
La construction de ce réseau a été le plus grand souci du prince Charles, comme il est la plus belle création de son règne. L’exécution d’un réseau complet de chemins de fer reliant entre elles toutes les parties de la contrée ne devait pas rencontrer d’obstacles sérieux dans les plaines, tellement unies qu’elle s’y réduit souvent à la pose des rails, sans nécessité de remblais ; elle n’exigeait de grands travaux d’art que dans les Carpathes. Malgré les facilités naturelles que procure l’abondance de la pierre et du bois, les chambres auraient voulu s’en tenir d’abord à deux lignes en construction, celle de Giurgévo à Bucharest, à laquelle on travaillait très mollement pour le compte de l’état, et celle d’Itzkani (près de Soutchava) à Roman, avec un embranchement de Pascani à Iassy, continuation du chemin de fer autrichien de Lemberg à Czernowitz, concédée aux entrepreneurs de ce dernier et n’intéressant qu’une moitié de la Moldavie. Toute la Valachie, de sa capitale au Banat d’une part et à Ibraïla de l’autre, ainsi qu’en Moldavie tout l’espace entre Galatz et Roman, offrait une immense lacune. Le docteur Strousberg offrit de la combler. Le prince eut beaucoup de peine à faire adopter une aussi vaste combinaison. La moitié du réseau, comprenant les grandes sections de Roman à Galatz et de Braïla à Bucharest, était à peu près terminée à la fin de 1870; mais alors de graves démêlés avec l’entrepreneur, peu scrupuleux à remplir ses engagemens, amenèrent une interruption des travaux, la résiliation du contrat primitif et de nouveaux arrangemens. La compagnie dite des chemins de fer roumains, reconstituée par actions, délégua toute l’exploitation, ainsi que l’achèvement de la ligne, à la compagnie de chemins de fer franco-autrichienne, qui termina la section de Bucharest à Pitesti vers la fin de 1872 et tout le réseau jusqu’au point extrême de Verciorova, sur la frontière du Banat, à la fin de 1874. Enfin la jonction avec la Russie, par un tronçon d’Iassy au Pruth vers la ligne de Kischenef-Odessa, s’est faite dans le cours de la même année, pour le compte de l’état comme la petite ligne de Bucharest à Giurgévo. La Roumanie possède ainsi dès à présent 1,235 kilomètres de chemins de fer en exploitation.
La jonction du réseau moldo-valaque avec l’Autriche par la Bukovine et la Galicie existant depuis 1871, on peut faire le trajet de Paris à Bucharest en quatre jours et de Vienne en deux jours et demi, quoique par un immense détour. Avec le réseau austro-hongrois, la jonction doit avoir lieu, aux termes d’une convention ratifiée de part et d’autre, pour la Transylvanie dans la direction de