et les habitudes de M. le président de la république lui-même, un peu étonné peut-être de se voir dans tous ces imbroglios qui se nouent ou se dénouent amour de lui. On se perd dans toute sorte de complications où les combinaisons les plus naturelles risquent de s’amoindrir même quand elles réussissent. Et puis, s’il faut tout dire, l’esprit qui règne à Versailles ne simplifie pas les difficultés. Versailles est un peu la capitale du commérage politique. Depuis deux semaines, dans l’aimable et paisible résidence, on a mis en circulation assez de faux bruits, assez de commentaires de fantaisie, pour rendre tout impossible, pour mettre en guerre les hommes employés ou appelés à réorganiser un gouvernement. Les imaginations excitées ont travaillé à l’aise, et c’est ainsi qu’il a fallu plus de dix jours pour faire péniblement ce qui aurait pu être fait en quelques heures au début, pour revenir, à travers toute sorte de détours, à un ministère qui en définitive reste constitué à peu près tel qu’il avait été conçu et proposé dès le premier jour.
La crise est donc terminée : le ministère existe, il s’est dégagé de toutes les complications intimes, il a passé avant de naître par des péripéties presque émouvantes, et il a triomphé de tout parce qu’il était, à vrai dire, le seul ministère possible, parce qu’il répond à une situation qui n’est point elle-même des plus simples. Quelle était en effet cette situation au moment où la question ministérielle s’est élevée ? Un changement grave, décisif, venait de s’accomplir par un acte souverain de l’assemblée de Versailles. L’organisation des pouvoirs publics si souvent réclamée, si longtemps mise en doute, était désormais votée. Elle créait des conditions nouvelles, une sorte d’ordre nouveau, où la majorité qui venait de s’attester devait avoir sa part d’action légitime, comme elle avait eu sa part dans le succès des lois constitutionnelles ; mais il y avait à tenir compte de tout un ensemble de choses. Depuis le jour où M. Thiers, avec une clairvoyance, avec une supériorité de raison que les événemens ont justifiée et que les partis oublient trop aisément aujourd’hui, proposait ce qui s’accomplit précisément à l’heure où nous sommes, il est bien clair que tout a marché. La présidence de M. le maréchal de Mac-Mahon, instituée pour sept ans, a été le préliminaire et est devenue un élément de l’organisation constitutionnelle ; elle est restée dans cette organisation telle qu’elle est avec ses engagemens d’origine, avec son caractère et ses inclinations évidentes. En devenant le président d’une république définitive, M. le maréchal de Mac-Mahon n’entendait point sûrement se désavouer lui-même et cesser d’être le représentant, le mandataire de la politique conservatrice pour la défense de laquelle il avait été élevé au pouvoir. Ce n’était ni dans la pensée du maréchal ni dans son rôle, ni même dans l’intérêt du pays.
Ce qui venait de se réaliser n’avait rien d’une révolution, c’était une évolution dans la politique intérieure de la France, un progrès vers la