à des députés de l’est et du midi, M. de Sugny, M. de Resseguier, le récit des agitations de Lyon, de Marseille et de Toulouse ; à la commission énergiquement dirigée par M. le duc d’Audiffret-Pasquier enfin, la vérification des innombrables marchés de la guerre, l’inventaire du matériel et des arsenaux. L’instruction est certes minutieuse, les rapports sont le résumé de cet immense travail de recherche. Que reste-t-il maintenant de tout cela ? Est-ce la vérité simple et nue qu’on a voulu dégager de toutes les obscurités, de toutes les contradictions ? Est-ce le procès de la défense nationale qu’on a voulu faire ou qu’on a fait sans le vouloir ? Je crains bien que ces témoignages accumulés, ces révélations, ces rapports, loin d’éclairer et de fixer l’opinion, n’aient pour effet de la laisser plus incertaine encore devant un problème toujours agité. Je crains que la commission, au lieu de s’en tenir à un inventaire sérieux et précis des faits, n’ait trop écouté ses impressions ou ses préventions, et qu’au lieu de simplifier la tâche de l’assemblée, appelée à dire le dernier mot de l’enquête, elle ne lui ait préparé d’étranges embarras par l’esprit qui éclate souvent dans son travail, par la manière dont elle a procédé.
Le fait est que le jour où la question s’est élevée, le jour où la proposition d’un débat public a éclaté récemment comme une sorte de défi, l’assemblée s’est arrêtée. On s’est aperçu qu’il s’agissait moins d’une œuvre de patience et de justice à examiner que d’une bataille à livrer, qu’il y avait des accusateurs et des accusés, que les récriminations, les ressentimens, les interprétations arbitraires, avaient autant de place que la vérité dans cette revue rétrospective de nos misères et de nos deuils.
C’était là en effet le danger, et il n’a pas été toujours évité, ou du moins il n’a pu être évité que dans cette partie de l’enquête où l’action parlementaire pouvait arriver à des résultats déterminés. Lorsque M. le duc d’Audiffret-Pasquier, avec une énergie d’honnêteté, et de patriotisme qui a retenti dans le pays, portait devant l’assemblée l’exposé de tous ces marchés d’armes, de munitions, d’équipement, d’habillement, héritage de l’empire ou de la défense nationale, c’était un acte utile parce qu’il allait droit à des faits précis, saisissables, si parfaitement saisissables que la justice les a saisis et flétris. Lorsqu’on a été conduit à se demander, en quoi l’administration militaire avait manqué, comment avec de l’honnêteté, de l’habileté et une régularité apparente elle avait été si complètement inefficace, on a pris le meilleur moyen : on a convoqué des administrateurs sérieux, intelligens, qui sont arrivés avec leurs chiffres, avec leurs explications, avec leur sincérité, qui ont été écoutés avec le même esprit, sans arrière-pensée, et les