paix publique, de défendre au dernier moment le corps législatif contre les émotions populaires ? On ne faisait rien sérieusement, parce qu’on ne se sentait en mesure de rien faire. L’empire avait joué sa dernière partie sur la chance d’un succès à peu près impossible, et à l’heure suprême il y avait une véritable disparition de tout ce qui tenait au régime impérial. On prenait le train ! C’est tout un côté de l’histoire que M. le comte Daru néglige trop, qu’il effleure trop discrètement, et il oublie que, si même dans cette effroyable crise la dispersion du corps législatif par la foule était un déplorable excès, il y avait encore comme une expiation mystérieuse, comme une moralité supérieure dans cette destinée d’un gouvernement périssant par la violation d’une assemblée après être venu au monde par la violation d’une assemblée. Je ne veux pas absoudre une violence par l’autre : l’une et l’autre se tiennent, M. Jules Simon les a réunies dans ses souvenirs, et entre ces deux dates, — le 2 décembre 1851, le 4 septembre 1870, — il y a un régime préparant certainement, sous le voile de toutes les ostentations matérielles, la catastrophe définitive.
Il a duré près de vingt années, ce régime. Il a disposé de la puissance, des forces du pays, et il a introduit dans l’armée des principes de désorganisation, des habitudes et des préoccupations qui n’étaient certes pas de nature à relever l’esprit militaire. Il a eu sa diplomatie ou même ses diplomaties contradictoires, et à un moment donné, bien avant les dernières imprévoyances, dès 1866 surtout, il a eu la main dans des événemens dont il a été le complice, qui conduisaient tout droit à la crise devant laquelle il est resté aveuglément désarmé après l’avoir rendue inévitable. Il a eu aussi sa politique intérieure, par laquelle, au dire des principaux fonctionnaires de la police, il a déchaîné des passions qui se sont retrouvées dans la commune, qu’il compte rallier encore aujourd’hui, d’après de récentes révélations. Vous voulez faire une enquête, et vous vous arrêtez à peine sur cette partie de l’histoire, — et, « par un phénomène singulier que la politique explique surabondamment, que la vérité et la justice se refusent à comprendre, — c’est le général Trochu qui parle, — dans le grand procès qui s’instruit, c’est l’effet qui est mis en jugement, la cause reste hors du débat. » N’est-il point évident que par lui-même le 4 septembre n’est qu’un de ces accidens d’exaspération populaire pour lesquels il n’y a ni réhabilitations ni accusations ? Il est né de la décomposition de l’empire, il a hérité d’une situation préparée, poussée à bout par l’empire, et si prenant au mot la forfanterie d’un député radical, qui prétend avoir été « un des auteurs de la révolution de septembre, » si, se fiant à cette parole, M. le comte Daru se met dans un de ses