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Page:Revue des Deux Mondes - 1875 - tome 8.djvu/866

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L'IDEE MODERNE DU DROIT

II.
LE DROIT ET L'INTERET D'APRES L'ECOLE ANGLAISE CONTEMPORAINE.

I. Bentham et Grote, la Religion naturelle et son influence sur le bonheur du genre humain, trad. par M. Cazelles, 1875. — II. Stuart Mill, Mes Mémoires, trad. par M. Cazelles, 1874. — Dissertations and Discussions political, philosophical and historical, 2e édit., 1875. — Utilitarianism, 5° édit, 1875. — III. Alexandre Bain, Mental and moral science, 3e édit., 1872. — IV. Austin, Lectures on Jurisprudence, 1863. — V. H. Sumner Maine, l’Ancien droit, trad. par M. Courcelles-Seneuil, 1874. — VI. Herbert Spencer, Introduction à la science sociale. — Principes de psychologie, trad. par MM. Ribot et Espinas, 1875.

« Donnez-moi la matière et le mouvement, disait Descartes, et je referai le monde. » — « Donnez-moi le plaisir et la peine, s’écrie Bentham avec un enthousiasme semblable, et je créerai un monde moral et social : je produirai non-seulement la justice, mais encore la générosité, le patriotisme, la philanthropie, toutes les vertus aimables ou sublimes dans leur pureté et leur exaltation. » Bentham en effet, sans autres matériaux que le plaisir et la peine, sans autre règle que le calcul mathématique, a jeté les fondemens de cette nouvelle science sociale dont l’achèvement a été poursuivi sous nos yeux par MM. Stuart Mill, Herbert Spencer, Austin, Sumner Maine et Grote, les uns philosophes et économistes, les autres jurisconsultes ou historiens, tous animés d’une commune pensée et d’une commune espérance. Fonder sur l’intérêt tout ce qu’on avait fait jusqu’ici reposer sur le désintéressement, demander à la pure idée de l’utile le principe d’une morale nouvelle, d’un droit nouveau, et même, comme l’indique l’ouvrage posthume de Bentham publié par Grote, d’une nouvelle religion, tel est le problème que se propose