était un adversaire véhément de la réforme parlementaire ; Peel était très hostile aux catholiques.
L’opposition avait pour chef lord Grey. Il avait lutté à côté de M. Fox pendant la guerre ; esprit noble et généreux, il aspirait à rendre aux catholiques leurs droits et à élargir la base trop étroite de la représentation nationale ; mais il n’avait que peu d’adhérens, et il avait encore perdu une partie de sa force en passant dans la chambre des lords. Dans les rangs même des whigs, on ne s’entendait guère sur la réforme. Les « grandes familles » n’étaient pas pressées de faire abandon des bourgs pourris. Lord Russell quitta la chambre pendant une année pour des motifs de santé ; il y rentra en 1812, et l’année suivante il parla sur la réforme électorale. Le droit de faire des lois pour la nation était devenu vénal. On citait un noble lord allant à la chasse, suivi de sept députés de son choix. Partout les maîtres de la terre dictaient les choix des électeurs. Un siège pour la session entière s’achetait 6,000 livres sterling. On vendait des collèges au gouvernement contre des honneurs, des places. Lord Russell, qui, à la mode anglaise, s’égarait peu dans les théories générales, demanda à la chambre d’enlever au bourg pourri de Grampound la franchise électorale et de la donner à Leeds, la ville voisine. C’était, suivant le mot d’Alexandre Baring, ôter la représentation au champ d’avoine et la donner aux couches de houille. Ce cas particulier embrassait, pour ainsi dire, toute la question <de la réforme. La corruption de Grampound fut si bien démontrée que le bill de lord Russell fut voté par les communes ; mais les lords refusèrent, en ratifiant la condamnation de Grampound, de donner un député à Leeds.
En 1822, il revint à la charge ; il demanda qu’on augmentât la représentation des comtés et des grandes villes. Canning lui-même lui répondit ; il le pria, dans des termes empreints d’une grande solennité, de retirer sa motion et de ne pas déranger cet heureux équilibre de forces qui avait permis à l’Angleterre de grandir au milieu de perpétuels dangers. Canning arriva peu après aux affaires ; il occupa le pays de questions extérieures ; il enthousiasma le peuple par ses éloquens encouragemens aux amis de la liberté en Europe et dans le Nouveau-Monde. Il ne plaisait pas à l’Angleterre de rester liée à jamais à ses auxiliaires de 1815 : la victoire ne lui eût pas semblé assez complète, si elle n’eût morigéné ses alliés et tourmenté les Bourbons, qu’elle avait aidé à remettre sur le trône. Elle cherchait partout de l’œil des ouvriers en ruines travaillant à la démolition de la vieille Europe.
Chateaubriand tint tête à Canning : il enjamba les Pyrénées et voulut brûler de la poudre sous le drapeau blanc. « Les premières