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en cherchant surtout à déborder sa droite. Les fédéraux escaladent sous un feu très vif des pentes découvertes, où ils font de grandes pertes. Ils atteignent, à gauche d’abord, puis au centre, sur le chemin de Sharpsburg, le sommet de la crête. Garland revient à la charge et leur en dispute la possession. Il est tué, et ses soldats sont rejetés en désordre dans le vallon qui sépare les deux arêtes. La seconde était alors à la merci des fédéraux, car Hill n’avait que bien peu de monde pour la défendre, et, s’ils avaient pu pousser leur succès, le défilé tombait dès lors entre leurs mains ; mais Cox était « encore seul sur le terrain : ses troupes avaient cruellement souffert, et il s’arrêta pour attendre du renfort. Il permit ainsi aux soldats de Garland de se reformer sur la crête opposée, et donna à une partie du corps de Longstreet, qui approchait en pressant le pas, le temps de venir renforcer la division Hill. Bientôt même les confédérés reprirent l’offensive, mais leurs tentatives contre Cox furent vaines.

Vers deux heures, Reno est arrivé sur le champ de bataille avec sa seconde division sous Wilcox. Le corps de Hooker le suit de près. Mac-Clellan et Burnside dirigent en personne les mouvemens de leurs soldats. Reno place Wilcox à la droite de Cox, à l’extrémité de l’arête, d’où il domine les profondeurs du défilé, et en même temps Mac-Clellan ordonne à Hooker de prendre au nord de la route et d’attaquer avec une de ses divisions la gauche ennemie, qui occupe la route de Hagerstown et le mamelon qui commande tout le champ de bataille. Néanmoins, avant que toutes les troupes aient pu prendre leurs positions, l’ennemi renouvelle le combat et attaque avec violence la division Wilcox, qui est en train de se déployer. Il ouvre le feu à 150 mètres, d’une manière si imprévue que la ligne fédérale est jetée un moment dans un grand désordre, et que même plusieurs canons sont abandonnés par leurs artilleurs. Pourtant, lorsque les confédérés s’avancent pour prendre ces pièces, le 79e New-York et le 17e Michigan reviennent à la charge et les culbutent. Ce retour offensif faisait d’autant plus d’honneur à ces deux régimens que le second était composé de soldats qui n’avaient qu’un mois de service. A la faveur de ce succès, Wilcox reforme sa division et s’empare du terrain disputé, non sans en payer cher la possession. Pendant ce temps, Hooker a conduit à l’ennemi la division Meade ; la division Hatch se forme sur sa gauche ; celle de Ricketts, qui suit à distance, s’étendra, si cela est nécessaire, à l’extrême droite. Il est quatre heures : Mac-Clellan donne le signal d’une attaque générale. Toute la ligne s’ébranle ; mais elle rencontre une vigoureuse résistance, car Longstreet est arrivé avec une partie de son corps d’armée, et il veut à tout prix empêcher les assaillans de déboucher à l’ouest