la doctrine cartésienne, poursuivit sa marche et fut définitivement fondée à l’avènement de la chimie moderne. Descartes et Leibniz avaient posé en principe que partout les lois de la mécanique sont identiques ; qu’il n’y a pas deux mécaniques, l’une pour les corps bruts, l’autre pour les corps vivans. À la fin du siècle dernier, Lavoisier et Laplace vinrent démontrer qu’il n’y a pas non plus deux chimies, l’une pour les corps bruts, l’autre pour les êtres vivans. Ils prouvèrent expérimentalement que la respiration et la production de chaleur ont lieu dans le corps de l’homme et des animaux par des phénomènes de combustion tout à fait semblables à ceux qui se produisent pendant la calcination des métaux.
C’est vers la même époque que Bordeu, Barthez, Grimaud, brillaient dans l’école de Montpellier. Ils étaient les successeurs de Stahl ; néanmoins ils ne conservèrent que la première partie de la doctrine du maître, le vitalisme, et en répudièrent la seconde, l’animisme. Contrairement à Stahl, ils veulent que le principe de la vie soit distinct de l’âme ; mais avec lui ils admettent une force vitale, un principe vital recteur dont l’unité donne la raison de l’harmonie des manifestations vitales, et qui agit en dehors des lois de la mécanique, de la physique et de la chimie.
Cependant le vitalisme se modifia peu à peu dans sa forme ; la doctrine des propriétés vitales marqua une époque importante dans l’histoire de la physiologie. Au lieu de conceptions métaphysiques qui avaient régné jusque-là, voici une conception physiologique qui cherche à expliquer les manifestations vitales par les propriétés mêmes de la matière des tissus ou des organes. Déjà à la fin du xviie siècle Glisson avait désigné l’irritabilité comme cause immédiate des mouvemens de la fibre vivante. Bordeu, Grimaud et Barthez avaient entrevu plus ou moins vaguement la même idée. Haller attacha son nom à la découverte de cette faculté motrice en nous faisant connaître ses mémorables expériences sur l’irritabilité et la sensibilité des diverses parties du corps. Toutefois c’est seulement au commencement de ce siècle que Xavier Bichat, par une illumination du génie, comprit que la raison des phénomènes vitaux devait être cherchée non pas dans un principe d’ordre supérieur immatériel, mais au contraire dans les propriétés de la matière, au sein de laquelle s’accomplissent ces phénomènes. Sans doute Bichat n’a pas défini les propriétés vitales, il leur donne des caractères vagues et obscurs ; son génie, comme il arrive souvent, n’est pas d’avoir découvert les faits, c’est d’en avoir compris le sens en émettant le premier cette idée générale, lumineuse et féconde, qu’en physiologie comme en physique les phénomènes doivent être rattachés à des propriétés comme à leur cause. « Le rapport des propriétés comme