L’échelle remontée, la fenêtre refermée, Mlle de Festenburg pressa
les violettes sur ses lèvres en répétant les paroles de son père : —
Le printemps de l’amour sous la neige !
De nouveau M. Valérien Kochanski était assis en robe de chambre à prendre son café et à fumer sa pipe, Basile auprès de lui, lorsque reparurent les quatre Juifs aussi rampans que jamais. Ils venaient avec mille circonlocutions s’informer de l’événement qu’ils appelaient à notre mariage. »
— Tout marche à merveille, répondit Valérien.
— Dieu soit loué ! chantèrent les créanciers en chœur.
— J’adore Mlle de Festenburg.
— Que le ciel vous en récompense !
— Et Mlle de Festenburg m’aime.
— Qu’elle soit bénie pour cela, elle, ses enfans et ses petits-enfans !
— Êtes-vous satisfaits maintenant ?
— Et à quand la noce ? demanda Smaragd.
— Bientôt, je suppose.
— Permettez, seigneur, insinua Sonnenglanz, nous pensons qu’il est temps d’agir sérieusement.
— Qu’entendez-vous par là ?
— De parler aux parens.
— N’y comptez pas.
— Et comment voulez-vous obtenir la demoiselle, si vous ne la demandez à ses parens ?
— Si je la demande à ses parens, répondit Valérien contrefaisant le Juif, je n’obtiendrai pas la demoiselle.
— Ceci devient difficile, grommela le Gracovien.
— Difficile ? Pourquoi donc ? s’écria Weinreb. Le seigneur enlèvera la demoiselle.
— Il faut que le seigneur enlève la demoiselle, répétèrent les créanciers d’une seule voix.
— Bon ! interrompit tout à coup Weinreb, voici M. de Festenburg qui vient là-bas. Que pensera-t-il s’il nous trouve tous chez vous ?
— Ne vous mettez pas en peine, répondit Valérien avec aisance. Presque aussitôt M. de Festenburg descendit de traîneau et entra.
— Je vois, dit-il, que vous êtes en affaires.
— N’importe ! répliqua Valérien. Ces gens-là voudraient affermer ma distillerie d’eau-de-vie ; mais l’idée m’est venue de la mettre à l’enchère, et depuis une heure ils se disputent comme des corbeaux