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facultés françaises. Parmi ces nombreux professeurs, il est vrai, sont compris des docenter qui n’ont pas une grande expérience de l’enseignement ; mais il ne faut pas oublier que l’ardeur avec laquelle un jeune savant fait part à ses auditeurs des notions qu’il vient lui-même d’acquérir peut souvent compenser les avantages d’une longue pratique.

Presque toutes les branches des connaissances humaines figurent au programme des cours d’Upsal : d’une part, les mathématiques pures et appliquées, la physique, la chimie, l’astronomie, les sciences naturelles ; d’autre part, la philosophie, l’histoire universelle, la philologie comparée, les langues orientales, les langues classiques et les plus importans idiomes de l’Europe moderne. Au nombre de ces derniers est le provençal, non pas le provençal de Bertrand de Born, — il n’y a pas une université allemande où l’on ne l’enseigne, — mais le provençal moderne qu’on parle de nos jours à Avignon et à Arles, la langue des félibres. M. Hagberg, auteur d’un intéressant travail sur la Résurrection de la littérature provençale, et qui a fait, un long séjour dans le midi de la France, expliquait en 1873 à ses élèves le deuxième chant de Mireille. Assurément un pareil enseignement ne saurait s’adresser à un public nombreux ; mais n’est-ce pas un phénomène tout à l’honneur du peuple suédois que quelques-uns s’y intéressent ?

Parmi les langues anciennes, dont l’étude est poussée très loin dans le nord, il faut compter le norrois, antique idiome des Eddas et des Sagas, encore aujourd’hui parlé en Islande. C’est par patriotisme que les efforts des savans se tournent vers les recherches historiques et préhistoriques de nature à éclairer les origines de leur pays. Chez beaucoup de Scandinaves, en Danemark et en Norvège plus encore peut-être qu’en Suède, l’amour des antiquités nationales est devenu une nouvelle religion. Nous pouvons difficilement concevoir avec quel soin et quelle ardeur on rassemble les débris souvent informes du passé, outils de silex, armes rouillées, bijoux, fibules, grossiers ustensiles de ménage. Tous les objets ayant un intérêt archéologique quelconque, si minime soit-il, doivent être offerts en vente à l’état par celui qui en fait la découverte : des lois sévères défendent de les garder ou de les vendre à des particuliers. Ils sont classés dans les collections publiques, dont quelques-unes sont devenues de magnifiques musées. C’est en comparant ces débris plus ou moins mutilés avec les renseignemens que fournit l’ancienne littérature islandaise que les savans scandinaves sont arrivés, l’imagination aidant, à reconstituer la civilisation de leurs premiers ancêtres. Les études d’archéologie préhistorique n’ont nulle part été poussées si loin, et c’est un service rendu à la science générale et