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non-seulement à l’histoire locale. La langue norroise, instrument de première nécessité pour ces sortes de travaux, est enseignée aujourd’hui dans les écoles secondaires ; elle fait même partie des connaissances exigées pour l’admission à l’université de Christiania, et il est probable qu’il en sera bientôt de même en Suède. On étudiera le vieux scandinave à côté du grec et du latin comme langue classique. Il s’est même trouvé en Danemark un homme d’une haute intelligence, Grundtvig, à la fois historien, théologien et poète, sorte de réformateur religieux dont les doctrines ont été adoptées par une importante fraction de la population danoise, qui a soutenu avec éloquence la cause du norrois contre le latin et le grec, et proposé de substituer à Homère et à Virgile, comme modèles offerts à la jeunesse, les Sagas et les Eddas. Pour Grundtvig et ses partisans, il importe avant tout de donner une instruction et une éducation nationales et purement Scandinaves. Ces ardens patriotes n’ont pas assez d’invectives contre le droit romain et toute la latinerie, oubliant que sans l’influence de la civilisation latine ils seraient encore à l’âge de pierre, vivant de chasse et de pêche dans ces grossiers villages dont les kjökkenmäddinger marquent aujourd’hui la place. Heureusement ces exaltés sont en minorité, même dans le « vieux Danemark, » leur patrie, et n’ont aucune action sur la Suède, où le grundtvigianisme ne compte presque pas d’adhérens. Le pays par excellence des savans en us n’aurait garde de dédaigner les études grecques et latines, qui ont illustré un si grand nombre de ses enfans.

Quoi qu’il en soit, l’ancienne langue Scandinave est en grande faveur à Upsal, et une ordonnance royale du 16 avril 1870, qui apporte quelques modifications aux examens de la faculté de philosophie, l’a inscrite au programme de l’examen de candidat. Cet examen, écrit et oral, porte sur la philosophie, l’histoire, le latin, le norrois et les mathématiques (ou l’une des sciences naturelles), comme matières obligatoires : l’étudiant peut être interrogé en outre sur tout ce dont il aura fait la demande. Comme on le voit, l’examen de candidat est encore une épreuve d’un caractère général, c’est quelque chose comme notre licence es-lettres avec une légère addition scientifique. Avant 1870, on donnait ce nom à un examen plus difficile, mais moins général, à la suite duquel on pouvait aspirer directement à la maîtrise (magisterium) en philosophie : il n’y avait donc que deux grades académiques dans la faculté de philosophie, candidature et maîtrise ou doctorat. La réforme de 1870 a consisté à intercaler entre ces deux grades celui de licencié en instituant une nouvelle épreuve pour laquelle les candidats doivent se spécialiser selon leurs aptitudes et leurs goûts. Au moyen