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événemens depuis 1868 ; ils se servent de tout pour rétablir leur influence ; ils font assez imprudemment intervenir le nom de la reine Isabelle ; ils tâchent d’intéresser la princesse des Asturies à leur cause, et ils laissent croire que la sœur du roi leur est favorable ; ils exploitent au profit de leur parti l’arrivée récente à Madrid du nonce du pape, Mgr Simeoni, qui a été déjà reçu par le roi. Les modérés ne réussissent pas absolument sans doute, ils pèsent sur le gouvernement et ils l’embarrassent en l’obligeant à se défendre contre des influences de réaction dont il sent le danger.

Le meilleur moyen d’en finir avec ces conflits intimes serait de faire appel au pays, de rassembler des cortès. C’est évidemment toujours le programme de la royauté restaurée et de son principal ministre, M. Canovas del Castillo ; mais avant tout il faut rétablir la paix, réduire l’insurrection carliste, et malheureusement, tandis que les partis s’agitent à Madrid, la guerre ne semble pas près de finir dans le nord. Les carlistes, il est vrai, sont loin d’être en progrès, ils semblent assez ébranlés et menacés de voir tarir leurs ressources. La tentative de Cabrera, sans avoir un succès immédiat et décisif, a été pour la cause du prétendant une épreuve sérieuse, et des bandes dissidentes se sont même déjà formées, dit-on, dans les provinces basques. La paix est le vœu des populations. Les carlistes ont néanmoins encore assez de forces pour prolonger la guerre, et les généraux de l’armée constitutionnelle sont plus souvent sur le chemin de Madrid que dans leur camp. Tout se borne pour le moment à des travaux de retranchement en Navarre, à des canonnades assez inutiles contre les positions carlistes autour d’Estella, à des engagemens qui ne décident rien. La guerre, par le fait, en est toujours au point où la laissait, il y a un an, le malheureux général Concha, le vaillant chef dont quelques officiers de l’armée espagnole viennent de raviver le souvenir dans une relation historique de la campagne de l’année dernière devant Bilbao et autour d’Estella. Concha avait le feu militaire et l’expérience de la guerre. Aurait-il réussi du premier coup, s’il n’avait pas trouvé la mort du soldat devant l’ennemi ? On ne peut le dire. Toujours est-il que l’œuvre qu’il avait entreprise et qu’il aurait pour sûr conduite sérieusement reste à terminer après un an. C’est là surtout ce dont on devrait s’occuper à Madrid. La pacification définitive des provinces du nord serait le couronnement de la restauration du mois de janvier et la garantie la plus sûre pour la monarchie libérale en Espagne.


CH. DE MAZADE.



UN DRAME BIBLIQUE.
The Tower of Babel, a poetical drama, by Alfred Austin, London 1874 ; Blackwood.


Le nombre est petit en tous pays des écrivains qui se sont essayés avec un égal succès en prose et en vers. M. Forgues avait déjà signalé