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dans les écoles de l’état la ressource des bourses qui les dispensent des frais de leur éducation. D’un autre côté, tous ceux qui appartiennent à un milieu social plus élevé ont une répugnance de plus en plus grande à aller s’établir dans les campagnes, désertées par la bourgeoisie depuis la création des chemins de fer. Il y a là dans l’avenir un écueil qu’on pourrait peut-être éviter en facilitant aux jeunes gens pauvres, et principalement aux fils de cultivateurs, l’accès de la médecine, soit en leur accordant des bourses, soit en abrégeant le temps d’étude et les examens. Ces considérations guidaient le législateur de l’an XI lorsqu’il instituait, en même temps qu’un corps de docteurs en médecine ou en chirurgie, un corps d’officiers de santé. Il avait parfaitement compris qu’il était peu pratique de demander les mêmes épreuves et d’imposer les mêmes dépenses aux médecins des villes et aux médecins des campagnes. Aussi, tandis qu’il prescrivait pour les docteurs cinq ans d’études, il n’en demandait que trois aux officiers de santé ; il réduisait à 200 francs pour ceux-ci les frais d’examen et de diplôme, qu’il élevait à 1,000 francs pour ceux-là ; enfin il facilitait aux officiers de santé les moyens de d’instruire sans grands frais et sans grands déplacemens, soit en ouvrant pour eux des cours théoriques et pratiques dans des villes secondaires, soit en leur permettant de faire leur stage dans les hôpitaux de province. — Malheureusement, ce corps de praticiens si utiles a bien vite perdu de vue l’objet pour lequel il avait été créé. Les 4,665 officiers de santé que l’on compte aujourd’hui en France, au lieu d’être répandus principalement dans les campagnes, sont répartis sur la surface du sol. Comme les docteurs eux-mêmes. Dans l’immense majorité des cas, ce sont les départemens qui possèdent déjà une proportion raisonnable de docteurs qui ont le plus d’officiers de santé, et réciproquement, ce qui est bien plus grave, ce sont les départemens les plus pauvres en docteurs qui le sont également le plus en officiers de santé. Il en résulte que l’institution des officiers de santé n’a vraiment plus aujourd’hui de raison d’être, à moins que le législateur ne les rende à la médecine rurale en leur défendant d’exercer dans les villes d’une population déterminée, mesure bien rigoureuse et bien délicate, qui ne pourrait en tout cas être prise que pour l’avenir, en respectant les situations acquises et les clientèles déjà formées.

Au fond, le meilleur moyen de retenir les médecins dans les campagnes, c’est peut-être d’y organiser l’assistance médicale sur des bases solides et durables. Quand nous parlons d’assistance médicale, il va de soi qu’il ne saurait s’agir que de l’assistance à domicile. L’assistance hospitalière, c’est-à-dire le système de la concentration des malades dans des hôpitaux, où les ressources de la science sont